Dans son nouvel essai, Les Deux Occidents – de la contre-révolution trumpiste à la dérive néosoviétique de l’Europe occidentale, Mathieu Bock-Côté poursuit son œuvre aussi indispensable que salutaire d’étude de l’ingénierie progressiste à l’œuvre en Occident. Les peuples grondent, alors l’oligarchie version soviet du XXIè siècle panique. Les libertés se réduisent à peau de chagrin et la nomenklatura surveille. Les goulags n’ont pas été remis au goût du jour, mais comme le Québécois l’avait merveilleusement bien disséqué dans son essai précédent (Le Totalitarisme sans le goulag, Presse de la Cité), la dérive totalitaire s’en passe très bien. Le cercle de la raison a expulsé tous ses opposants de l’autre côté de la frontière de la légitimité (ce qui fait quand même un sacré paquet de monde) et s’ils grognent un peu trop, on les assèche financièrement et socialement. Mais voilà, un drôle de caillou s’est glissé sous leurs arpions. Il s’appelle Trump.
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Bock-Côté n’est pas trumpôlatre, difficile de l’être lorsqu’on est son voisin, mais il analyse méticuleusement les causes profondes de sa seconde élection et la vague à l’allure de contre-révolution qui traverse l’Atlantique, brisant les petites digues antifascistes. S’il prend d’autres visages et use d’autres méthodes, l’ancien monde est de retour nous explique Mathieu Bock-Côté. Tout comme le nouveau mur qui séparait l’Est et l’Ouest, mais cette fois-ci revêtu des habits de l’État de droit et suffisamment troué par endroit pour laisser passer une submersion migratoire. On appelle ça le progrès paraît-il. Le compte à rebours est lancé, il reste guère de temps au vieux continent pour sauter du toboggan qui le mène vers la mort. Un livre déjà indispensable.

LES DEUX OCCIDENTS, MATHIEU BOCK-CÔTÉ
Presse de la Cité, 288 p., 22 €




