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Mathieu Bock-Côté – Éric Kaufmann : vers une nouvelle ère post-progessiste ?

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Publié le

12 mai 2025

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Les Américains les appellent les voisins du dessus. Donald Trump y voit un potentiel 51e État de la Fédération. Le sociologue Mathieu Bock-Côté et le politologue Éric Kaufmann en sont citoyens. L’un est exilé en France, l’autre en Angleterre. Mathieu élève le débat médiatique (Journal de Montréal, Le Figaro, JDD, Europe 1, CNews). Tandis qu’Éric, directeur du nouveau Centre de Sciences sociales hétérodoxes de l’Université de Buckingham (heterodoxcentre.com), œuvre à extraire le milieu académique de sa gangue néo-progressiste. La conversation était bilingue, dans la plus séculaire tradition biculturelle canadienne. Au crépuscule du wokisme, où en est le débat d’idées ? Entrons-nous dans une nouvelle ère post-progressiste ?
© Benjamin de Diesbach / DR
Ce printemps, on a pu assister à une allégorie multiculturaliste lorsque le roi Charles III d’Angleterre a invité la communauté musulmane à rompre le jeûne du ramadan au château de Windsor. Dans la salle de réception de style gothique dédiée aux visites d’État, a résonné l’appel à la prière : « Allah Akbar ! » Après quoi les 350 hôtes ont banqueté, déchaussés et assis par terre. Vous avez tous deux écrit sur le multiculturalisme. Comment analysez-vous cette réception ?

Éric Kaufmann : Cette reconnaissance officielle d’une différence culturelle, au-delà de la sphère privée, caractéristique du multiculturalisme, est cohérente avec l’attitude du prince Charles qui en 1994 déclarait qu’il n’était pas le défenseur de la Foi (Defender of the faith) mais le défenseur de toute foi (Defender of faith). Cela s’inscrit dans un contexte général de protection des minorités, gage d’intégrité morale en Angleterre, tout comme au Canada. La réception a eu lieu dans un bâtiment religieux – Charles III est gouverneur suprême de l’Église d’Angleterre. Elle illustre le mouvement de sécularisation, commun à tous les pays occidentaux. Sécularisation et idéologie multiculturelle se conjuguent ici.

Mathieu Bock-Côté : Les nations occidentales deviennent des coquilles vides. L’identité britannique historique devient résiduelle, elle est portée par la couronne qui donne l’illusion d’une continuité. La monarchie est mise au service d’une conversion au multiculturalisme et d’une soumission à un islam conquérant. Ça ne date pas d’hier. Le rapport Bhikhu Parekh (« L’Avenir de la Grande-Bretagne multiethnique ») paru en 2000 visait à établir une société multiculturelle inclusive. Ce qui me frappe, c’est l’instrumentalisation du référent national pour accoucher de tout autre chose. Néanmoins, on a vu des choses semblables au Canada, véritable laboratoire de cet État post-national et post-occidental. En 2015, Zunera Ishaq, qui a fait son serment de citoyenneté en niqab, a été célébrée pour cela. Le niqab était vu comme un symbole d’affirmation féministe (les femmes n’ont pas à se soumettre aux codes vestimentaires) et un symbole d’affirmation minoritaire. Tous les États occidentaux, d’une manière ou de l’autre, pratiquent cette politique. [...]
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