Le candidat du parti communiste, Pavel Groudinine, agrège les inquiétudes sociales de l’opinion. Une fois réélu, le président russe pourrait en profiter pour donner un tour plus keynésien à sa politique économique.
Parmi les innombrables clichés qui polluent le commentaire médiatique français sur l’élection présidentielle russe, il en est un qui revient en boucle : « Alexeï Navalny, principal opposant à Vladimir Poutine, étant écarté du scrutin en raison d’une affaire judiciaire montée de toutes pièces, le président russe est assuré de sa réélection. » Il est exact que l’accusation sur laquelle repose la condamnation du blogueur anti-corruption dans l’affaire Kirovles – pour détournement de fonds et de matières premières – manque singulièrement de preuves substantielles. Mais il est tout simplement faux de voir en Navalny le principal opposant de Vladimir Poutine. En 2013, Navalny avait obtenu 27,2 % des voix aux élections à la mairie de Moscou (le maire sortant, Sobianine, avait été réélu avec 51,3 %), mais le taux de participation n’avait été que de 32 % et l’électorat de Moscou n’est pas du tout représentatif de la Russie dans son ensemble !
S’il séduit parmi les classes moyennes des grandes villes russes, le discours très protestataire de Navalny, bien que teinté de populisme anti-élites mâtiné de nationalisme anti-immigrés, n’a pas (encore ?) la portée nationale qui lui permettrait de gagner les voix des catégories sociales (plus âgées, plus modestes et plus provinciales) qui, en Russie, votent plus – c’est l’inverse de la France – que les « bobos » des métropoles. Car les partisans de Navalny – et les électeurs libéraux russes en général – se mobilisent plus volontiers dans la rue ou sur les réseaux sociaux que dans les urnes… Sans rival, Vladimir Poutine ne peut tout simplement pas être battu lors de la prochaine échéance, qui sera donc, sauf immense retournement de situation, pliée dès le premier tour.
Cette situation peut surprendre les lecteurs réguliers des grands médias français et occidentaux. En effet (...)
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