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Matthieu Vallet : « Seulement un agresseur de policier sur dix va en prison »

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Publié le

11 octobre 2022

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Matthieu Vallet est un homme pressé. Ce Ch’ti passé du grade de gardien de la paix à celui de commissaire en un temps record est aussi le porte-parole du Syndicat indépendant des commissaires de police. Il appartient à cette nouvelle génération de fonctionnaires qui ont décidé de ne plus fermer les yeux. Entretien.
vallet

En mai 2021, 35 000 policiers se réunissaient devant le Palais-Bourbon, excédés par le manque de reconnaissance et les violences qu’ils subissent. Avez-vous été entendus ? 

Malheureusement, la réponse pénale n’est toujours pas au rendez-vous. Selon l’analyse de l’Observatoire officiel de la réponse pénale mis en place le premier juillet par le gouvernement, seulement un agresseur de policier ou de gendarme sur dix va en prison. Cette réponse pénale, ces décisions de justice, les policiers les vivent très mal au quotidien. Quand pour un refus d’obtempérer comme à Paris, où un policier est traîné sur plusieurs mètres, l’auteur présumé est remis dehors en attendant son procès, c’est incompréhensible, c’est une sorte de double peine où le policier a l’impression que son statut de victime est bafoué voire inexistant. La justice doit systématiquement être ferme avec ces voyous qui fracassent les policiers et les gendarmes, sinon le combat est perdu d’avance.

Magistrat syndiqué, Oswald Baudot a dit un jour : « Soyez pour le voleur, contre la police ». Mur des cons et magistrats d’extrême gauche ont rompu la confiance entre les Français et l’ordre judiciaire. Avec la police aussi ? 

Selon les dernières statistiques publiées dans les médias, une grande partie des Français n’a plus confiance en la justice. C’est une alerte et ce manque de confiance doit interpeller tout le monde. L’article 15 de la déclaration des Droits de l’Homme dit que « tout agent public doit rendre des comptes », les magistrats ne doivent plus échapper à cette règle. L’institution judiciaire fonctionne dans l’entre-soi. Le recrutement, l’avancement, les nominations, les sanctions : tout est géré au sein du Conseil supérieur de la magistrature de manière totalement opaque. Un magistrat peut se tromper, comme un policier d’ailleurs, mais force est de constater qu’on ne demande jamais aux juges de rendre des comptes. Qui peut comprendre cette ineptie dans cette démocratie ?

« Les victimes sont les laissées-pour-compte du système judiciaire »


Matthieu Vallet

Êtes-vous favorable à la mise en place de mesures fortes telles que l’instauration de vraies peines planchers, la perpétuité réelle ou encore une procédure de flagrance en matière criminelle ? 

Il faut simplifier la procédure pénale. Nos enquêteurs passent plus de temps à gratter du papier qu’à enquêter. La technocratie a pris le pas sur tout le reste dans la procédure au détriment des victimes qui deviennent les laissées-pour-compte du système judiciaire. Nous demandons également la mise en place de peines minimales. Depuis la réforme du Code pénal en 1994, il existe des peines maximales mais pas minimales. Par exemple, dans le cadre d’une agression de personnes dépositaires de l’autorité, policiers, élus ou pompiers, même si c’est la première fois, le voyou doit savoir qu’il encourt une peine minimale. Une peine qu’on pourrait fixer à un an ferme, puisqu’en dessous, la justice n’incarcère pas. Enfin, les peines planchers sont indispensables : 5 % des multirécidivistes commettent 50 % des actes de la délinquance en France. Le délinquant qui passe deux, trois voire quatre fois devant la justice pour les mêmes faits doit savoir qu’il ne peut plus se moquer de la société et s’en tirer. C’est terminé ! Plus d’enquêtes et moins de paperasse, plus de sévérité et moins de culture de l’excuse, beaucoup reste encore à faire pour restaurer l’autorité. 

Avez-vous les moyens réels de faire votre travail ? 

La situation évolue dans le bon sens même si le retard pris depuis des années est immense. Il faut amplifier l’effort budgétaire pour que les policiers aient la fierté de circuler avec des voitures adaptées à leurs missions, avec des équipements modernes de protection et d’intervention. Il faut leur donner la possibilité de travailler et d’accueillir dans des conditions dignes les victimes dans les commissariats. Mais au-delà de ce combat matériel et budgétaire, il faut mener une vraie bataille morale. Aujourd’hui le policier est bien seul quand il doit stopper un voyou qui refuse de s’arrêter et n’hésite plus désormais à blesser, voire tuer. Le policier est seul à rendre des comptes à la justice quand ça se passe mal ! 

Lire aussi : [Enquête] Immigration et délinquance : les chiffres qui fâchent

L’extrême gauche anti-police a-t-elle une influence importante en France ? 

L’extrême gauche mène un combat idéologique antipolice, donc anti-République. Ils ont fait de la sécurité un combat idéologique en considérant le policier comme un voyou et le voyou comme une victime. Ça se traduit dans les médias par certains propos politiques mais aussi dans les manifestations, où les antifas prennent en otage, par la violence, le droit de manifester. Cette mouvance brûle aussi des gendarmeries et fait de la police sa première cible. Je n’ai pas oublié ces militants qui ont agressé deux policiers et brûlé leur voiture de police en mai 2016, lors d’une manifestation contre la loi travail à Paris. Les politiques doivent soutenir leur police. Nos forces de l’ordre sont la seule institution à pouvoir assurer la sécurité de tous les Français. 

Quel est le poids réel de l’immigration dans l’insécurité en France ? 

Le constat des policiers sur le terrain était implacable et les chiffres révélés cet été par le ministre de l’Intérieur démontrent qu’une partie des étrangers en France viennent faire des victimes et sont des véritables voyous. À Marseille, Lyon, Paris, Lille, Nantes, on a une surreprésentation de voyous sans papier. On ne peut pas nier les faits. Le bon sens a été perdu depuis longtemps. Une règle basique doit prévaloir : exigeons que tout étranger qui arrive en France respecte l’ensemble des lois de la République, sinon c’est dehors. Nous avons suffisamment à faire avec nos voyous nationaux pour ne pas nous payer le luxe de nous occuper de ceux du reste du monde. Tout délit doit conduire à l’expulsion systématique. Par respect pour les victimes, le criminel étranger doit faire sa peine en France et être expulsé par la suite. 

« J’ai encore en tête cette victime enceinte qui se fait violemment agresser et traîner sur les marches du métro pour un sac à main »


Matthieu Vallet

Gérald Darmanin aurait-il dû démissionner après l’affaire du Stade de France ? 

En tant que représentant syndical, ce n’est pas à moi de dire qui doit rester ou partir, il existe des élections pour cela. En revanche, dès le lendemain du Stade de France j’ai expliqué que le problème n’était pas les Anglais mais bien les voyous étrangers qui avaient transformé le parvis du Stade de France en supermarché à victimes. En réalité, cette finale a mis en évidence en une soirée tout ce que les Français ne supportent plus. Des policiers motivés ont fait des dizaines d’interpellations qui se sont soldées par une réponse pénale très faible. Sans parler de ces voyous interpellés dix fois pour les mêmes faits avec le même profil de victimes. J’ai encore en tête cette victime enceinte qui se fait violemment agresser et traîner sur les marches du métro pour un sac à main. Les voyous avaient été interpellés et encore une fois, ils étaient connus de la police ! 

Qu’attendez-vous du projet de loi sécurité qui sera débattu en octobre ? 

C’est un projet important à 15 milliards d’euros qui aurait dû être présenté et adopté depuis longtemps. Mieux vaut tard que jamais. En plus d’amplifier les efforts pour acquérir de nouveaux véhicules, construire de nouveaux commissariats et mieux équiper les forces de l’ordre, plusieurs mesures d’avancées catégorielles, indemnitaires et statutaires permettront aux policiers de mieux gagner leur vie et de bénéficier de promotions plus avantageuses. Si le recrutement de nouveaux policiers et gendarmes au sein des forces mobiles (CRS et gendarmes mobiles) mais surtout dans les commissariats de police du quotidien est indispensable, la nouvelle organisation de notre institution en l’état actuel ne nous convient absolument pas. Le sujet d’une réforme de la justice est incontournable. On peut mettre plus de bleu sur la voie publique, si on ne met pas plus de voyous hors d’état de nuire, si la justice n’a pas les moyens de suivre, on continuera à pédaler dans la semoule. La prison ne crée pas les voyous, c’est la liberté donnée aux voyous qui crée des victimes. Nous avons besoin de créer 40 000 places de prison, sans ça il est impossible de rendre de la crédibilité à notre justice. 

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