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#MoiNonPlus

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Publié le

2 novembre 2018

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EDITO ROMARIC

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La civilisation promeut le mystère. Parce qu’elle permet une prise en considération lucide des personnes, parce qu’elle libère l’espace nécessaire à cultiver une telle vision, la civilisation promeut le mystère, et, promouvant le mystère, elle accroît ce qui lui est lié : l’ambiguïté, le jeu, les reliefs – TOUTE LA DANSE DE FEU DE CE QUI EST.

 

Une grande aténuation des lumières brutes est indispensable pour que ce feu devienne distinct, pour illuminer – brûler si nécessaire. Ailleurs, c’est l’éclat idiot du soleil barbare ou les néons morbides de la transparence. Entre les deux, le feu, et c’est pour défendre le feu qu’il faut combattre les fausses lumières affadissant l’expérience de vivre, qu’elles soient portées par un dieu légaliste – Allah, ce technocrate -, ou par le légalisme divinisé des nations protestantes. Or, les élites de notre pays ressemblent en cela à ses habitants les plus précaires, parce que provinciales d’Hollywood, colonisées, se vautrant dans l’obséquieuse singerie des dominants du siècle ; et n’imitant chez eux que les tares dont nous étions dépourvus.

 

Lire aussi : L’éditorial de Romaric Sangars : Anti-puritan league

 

C’est ainsi que depuis l’an dernier, la vague #Me Too s’est mise à rouler sur nos rives, rappelant ce réflexe de lynchage qui hanta autrefois les péquenots superstitieux débarqués du Vieux Monde
sur un continent effrayant, sauvage et dépourvu d’administrations légitimes, et qui pensaient, ceux-ci, que le goudron et les plumes pallieraient ces failles, comme leurs héritières en robes de soirée que l’immolation des « porcs » ouvriraient une ère nouvelle, limpide, indolore, où les relations entre les sexes se verraient purifiées de leur dimension tragique et sublimées par le contrat. Nous n’aurions jamais le choix qu’entre les robots et les brutes, qu’entre les putes ou les burqas. Pourtant, l’Europe, et singulièrement la France, avait montré d’autres voies, celles de l’ambiguïté, de l’ironie, du jeu autour des retournements paradoxaux, de la séduction comme art et de la tension érotique employée à la manière d’une électricité innervant les plus belles machines de l’esprit.

Un groupe comme Laibach, après quarante ans de provocations subtiles dans tous les sens, dont la seule ligne inflexible suivie fut toujours celle d’une forme d’ambiguïté corrosive, n’aurait sans doute pu être qu’européen – et que slovène, pour dire le faux sacré réversible de toutes les idéologies modernes. Le rappel, en ces pages, de sa trajectoire unique, au moment où sort leur album inspiré d’un concert en Corée du Nord, est un bon moyen de nous inspirer une saine résistance au littéralisme – d’où qu’il vienne.

Nous n’aurions jamais le choix qu’entre les robots et les brutes, qu’entre les putes ou les burqas. Pourtant, l’Europe, et singulièrement la France, avait montré d’autres voies, celles de l’ambiguïté, de l’ironie, du jeu autour des retournements paradoxaux, de la séduction comme art et de la tension érotique employée à la manière d’une électricité innervant les plus belles machines de l’esprit.

Et s’il nous faut déclarer un contre-courant, nous pourrions très bien l’intituler #MoiNonPlus, en référence à Serge Gainsbourg. Cette réplique à un « Je t’aime » spontané semble d’abord une boutade surréaliste, puis apparaît, dans un second temps, comme l’épigramme d’un moraliste, tant l’amour profane entraîne ce genre d’attitude contradictoire, et que le noter témoigne, plutôt que d’un délire quelconque, d’une lucidité supérieure.

« #MoiNonPlus », au contraire de « #MeToo », c’est refuser l’agrégation à la masse par le recours au bouc-émissaire pour affirmer au contraire sa désafiliation aristocratique. C’est dire : « Allez-y sans moi » aux hordes, aux gourdes, aux petits fics de la vertu ; c’est dédaigner la solution de facilité d’un ordre impitoyable et transparent, et lui préférer l’ambiguïté salvatrice. Parce que c’est là, au sein du clair-obscur où germent le désir et le feu, qu’avant la clarté finale, nous voulons situer nos haltes.

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