Pourquoi a-t-on fait tourner massivement la planche à billets depuis la crise financière de 2008 et la crise des dettes souveraines de 2010 ?
Réagir à une crise comme en 2008 et en 2010 est une chose, poursuivre cette politique indéfiniment comme on l’a fait depuis en est une autre. Dans le premier cas on calme la panique sur les marchés, et on s’arrête aussitôt le calme rétabli. Dans le deuxième, c’est une politique structurelle. Elle est sans précédent historique. On la justifie en disant qu’il s’agit d’éviter la déflation, considérée comme un mal sans remède. Il y a du vrai là-dedans ; en effet avec la déflation (baisse durable des prix), la monnaie s’apprécie avec le temps : c’est une incitation à tous pour thésauriser et ne pas dépenser, puisque l’argent liquide s’apprécie tout seul.
Dans tous les exemples historiques de création monétaire massive par la banque centrale, il y a eu inflation et souvent hyperinflation
De plus les banques centrales sont alors impuissantes, car elles agissent en jouant sur les taux d’intérêts : or en déflation ils tombent à zéro et y restent, et elles ne peuvent rien y faire sauf à ponctionner les comptes des gens, ce qui est politiquement impraticable. En outre, à côté de la lutte contre la déflation cette politique permet de lisser les récessions et par là aide les gouvernements en place. Curieusement, ces banques centrales supposées indépendantes se révèlent bien commodes pour les États. Ce qui est à rapprocher du fait que depuis 1973 les monnaies sont purement conventionnelles, sans lien avec l’or ou quoi que ce soit. Pendant tout un temps, les banques centrales ont été rigidement attachées à la lutte contre l’inflation. Mais du fait des crises, elles ont maintenant pris goût à des politiques beaucoup plus populaires… alors même que nous ne sommes pas en déflation. [...]
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