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Otan : la valse des dupes

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Publié le

4 décembre 2019

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C’est une habitude, presque un jeu. Chaque année, Donald Trump et Emmanuel Macron se livrent à une joute médiatique à propos de l’OTAN. Créée peu après la Seconde Guerre mondiale dans l’objectif de contenir la puissante URSS, l’Organisation du traité de l’Atlantique nord montre des signes de fatigues. En 2018, Donald Trump fustigeait ses partenaires européens. Emmanuel Macron en a-t-il pris acte lorsqu’il a déclaré, un brin provocateur mais lucide, que l’OTAN serait présentement en « état de mort cérébrale » ?

 

 

Dès avant son élection en tant que Président des Etats-Unis, The Donald ne cessait de critiquer l’OTAN, une organisation selon lui ruineuse pour son pays. Ainsi, sa première grande déclaration de politique étrangère en avril 2016 fut en partie délivrée contre l’OTAN. Accusant ses prédécesseurs de s’être fourvoyés en Irak ou en Libye – constat qu’il serait d’ailleurs difficile de ne pas admettre -, Donald Trump avançait d’un même élan que les alliés des Etats-Unis ne jouaient pas le jeu :

« Nos alliés doivent participer au coût financier, politique et humain de nos efforts en matière de sécurité extérieure. Malheureusement, ils sont nombreux à ne pas le faire. Ils nous regardent comme si nous étions une nation faible et ne ressentent pas l’obligation d’honorer leurs engagements. Pour ce qui concerne l’OTAN, par exemple, seuls 4 des 28 pays membres, en dehors des Etats-Unis, dépensent les 2 % requis de leurs budgets nationaux pour le secteur de la défense ».

 

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Le message lancé était alors très clair : les Etats-Unis ne seraient plus les uniques gendarmes du monde. De ce désengagement de façade, qui sonnait comme une menace, nous n’avons encore point vue les véritables conséquences. La logique comptable du promoteur immobilier Donald Trump est implacable : le retour sur investissement des Américains serait trop faible.

 

 

À dire vrai, l’OTAN a-t-elle encore un poids dans le monde contemporain ? L’effondrement du bloc soviétique a ôté sa raison d’être à cette organisation militaire. Et ce n’est pas le regain militaire russe, au moins médiatique, qui pourrait lui donner une vocation. Si l’Allemagne appelle de ses vœux au statu quo, et que les alliés d’Europe de l’Est et centrale, particulièrement la Pologne, craignent toujours – à juste titre, serait-on tenté d’écrire –  le vorace appétit du voisin russe, la menace réelle que fait peser la Russie sur l’Europe n’est que conjoncturelle et probablement exagérée.

 

Le monde actuel a subi des transformations très importantes lors des deux dernières décennies. Alors que les échanges humains et commerciaux ont été tournés autour de l’océan Atlantique pendant plusieurs siècles, nous assistons à un retour à la normale historique d’avant le cycle des Grandes Découvertes, le Pacifique redevenant finalement le cœur du monde. Une guerre froide d’un nouveau genre se profile, opposant deux géants économiques, technologiques et militaires comme rarement vus auparavant : la Chine et les Etats-Unis. Mais cette fois-ci, la Chine pourrait l’emporter.

Alors qu’au fait de sa puissance le poids de l’économie soviétique atteignait péniblement le tiers de celle de sa rivale américaine, il est fort possible que la Chine devienne la première puissance mondiale au cours de la prochaine décennie.

Face à cet état de fait, les stratèges américains ont bien compris qu’ils devaient réorienter leurs efforts et leur marine dans le Pacifique. Alors qu’au fait de sa puissance le poids de l’économie soviétique atteignait péniblement le tiers de celle de sa rivale américaine, il est fort possible que la Chine devienne la première puissance mondiale au cours de la prochaine décennie. Auparavant dépeinte en usine du monde, la Chine de Xi Jinping sait désormais innover. Ella a aussi pour elle une grande stabilité politique, du fait de son organisation centralisatrice, et une économie de marché très libre mais profondément dirigée par le parti et les fonctionnaires, ces mandarins 2.0 qui assurent un contrôle total sur le droit et l’émission de monnaie.

 

Seule la France semble prendre la mesure de l’épuisement stratégique de l’OTAN en Europe. Pour de nombreux alliés, l’OTAN est la raison d’être de leur défense nationale. D’autres voient en l’OTAN une planche de salut géopolitique, à l’image de la Géorgie ou de l’Ukraine. Une organisation qui est aussi un facteur bridant l’industrie de la défense européenne, nombre des alliés européens privilégiant les marchés d’armements et d’équipements américains. L’OTAN n’est pourtant vivante que parce que les gouvernements et les armées européennes sont incapables de lui trouver une alternative.

 

 

En Syrie, les limites de l’alliance se sont faites criantes, de même qu’au Mali. On l’a vu notamment avec le cas turc, cet encombrant allié qui a combattu nos alliés d’hier pour protéger son unité nationale et sa puissance dans la région. Demain, du reste, la Chine pourrait mettre son nez plus avant dans le Golfe persique et en Afrique, tant elle sera dépendante des hydrocarbures – et ses clients avec -. Il est d’ailleurs paradoxal de constater que les Américains ont fait le reproche à l’Allemagne de signer des accords gaziers avec la Russie (le gaz n’est pas compris dans les sanctions). « Nous protégeons l’Allemagne, nous protégeons la France, nous protégeons tous ces pays [européens], et ensuite ils s’en vont signer à Moscou des accords gaziers qui vont remplir les coffres de la Russie. […] Ce n’est pas normal », a notamment déclaré Donald Trump en 2018.

 

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Le dialogue avec la Russie doit être repris dans ce contexte, sans naïveté et avec fermeté. La Russie doit faire des concessions, montrer patte blanche aux pays Baltes et à la Pologne, mais nous ne pouvons pas la laisser être aspirée par l’ogre chinois. Par ailleurs, nous n’avons pas non plus à être obligés de nous aligner derrière les Etats-Unis ou derrière la Chine, ce qui deviendra demain une véritable question stratégique. Dans le monde qui se dessine, nous aurons la chance d’appartenir à une zone grise, échappant aux influences directes des deux mastodontes. Du reste, à la doctrine Monroe américaine répondra son équivalent chinois en Asie. Hors de ces deux continents, le bon sens et le pragmatisme prévaudront.

Nous ne sommes plus un pays ethno-culturellement unitaire, les moindres signes de faiblesse et de division pourraient avoir de très fâcheuses conséquences.

Reste que nous avons intérêt à déployer très rapidement une réflexion stratégique de défense prenant en considération les nouveaux grands équilibres mondiaux. Sans oublier que ces équilibres auront des suites directes sur nos sociétés, elles-mêmes traversées par les divisions propres à la mondialisation. Nous ne sommes plus un pays ethno-culturellement unitaire, les moindres signes de faiblesse et de division pourraient avoir de très fâcheuses conséquences. Les efforts à mener seront collectifs et dirigés contre le terrorisme islamiste international et les grandes migrations africaines et moyen-orientales.

 

Gabriel Robin

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