Déjà dans leur enfance grecque, les Jeux olympiques, censés donner lieu à l’ekekheiría, la trêve sacrée, ont été au cinquième siècle le théâtre d’une rivalité entre Athènes et Sparte, dans les décennies qui précèdent la guerre du Péloponnèse. Le drame du sport consiste en son emprisonnement dans une politisation à laquelle il cherche à échapper depuis son origine. Coubertin, pétri de culture antique et animé par l’idéal aristocratique, désirait en relançant l’idée olympique échapper à tout prix à la politisation du sport, le constituer comme voie vers l’amitié entre les peuples. Mais le sport, par l’imaginaire viril et guerrier à sa racine et par sa capacité à mobiliser les masses, a très vite été récupéré par les machines étatiques en quête de puissance au XXe siècle. Chacun a en tête le faste déployé par le IIIe Reich en 1936 lors des Jeux olympiques de Berlin pour montrer à la face du monde la prétendue supériorité du nouvel homme national-socialiste. Ensuite, c’est la rivalité entre l’URSS et les États-Unis qui a constitué le principal enjeu de la géopolitique sportive, jusqu’à la chute du bloc de l’Est. Depuis, loin d’être rendu à ses idéaux premiers, le sport s’est au contraire toujours plus mêlé d’intérêts, notamment du fait de l’accélération de la mondialisation qui lui a accordé une importance financière et médiatique inédite. [...]
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