Quand j’étais lycéen, Donald Trump se prononçait Richard Nixon. Bon, Nixon n’était pas un businessman prospère, son père était un modeste épicier, il n’avait pas l’aisance showbizoïde de Trump, ni une épouse spectaculaire et il ne dansait pas sur ses clips de campagne. Mais l’un comme l’autre ont suscité le même rejet viral de la part des bien-pensants, des proto- bobos de Greenwich Village aux étudiants anti-guerre du Vietnam en passant par les Black Panthers et leurs suiveurs. Et la presse occidentale ne fut pas fair-play non plus avec Nixon, c’est une litote.
Laid et réac à la fois
Pour la nouvelle gauche américaine née des hippies, d’Hollywood et des Droits civiques, Nixon fut cet ennemi irremplaçable dont Carl Schmitt rappelait qu’il était le sel de la politique. Pourquoi tant de haine ou de mépris ? À cause de ses origines modestes et de sa vision anti-progressiste de l’Amérique, de sa popularité, qui le fit deux fois élire président. Clairement, il faisait figure de squatter de la Maison Blanche aux yeux des patriciens démocrates de la Côte Est. Et ce fut un ennemi intrinsèque de la jeunesse aux yeux du vaste mouvement anti-guerre du Vietnam. Parce qu’on lui refila l’ardoise de cette guerre, commencée par son ennemi John Kennedy et intensifiée par Lyndon Johnson, et dont il hérita à sa première élection en 1968, année agitée s’il en fut. On ne se doutait pas que c’est lui qui retirerait les États-Unis de ce bourbier… [...]
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