Comment en quelques années est-on passé d’un Éloge littéraire d’Anders Breivik, provocation virtuose, à ce Portrait littéraire de Michel Onfray, embarrassant jusqu’au fou-rire ? Car si l’éloge est un style aussi exigeant que le pamphlet ou la descente en flèche, c’est parce qu’il doit se manier avec une outrance qui ne laisse pas de place au médiocre – et laisse entrevoir avant toute chose la véritable nature de celui qui l’entreprend. Faire un éloge d’Onfray : après tout pourquoi pas, plus rien ne nous étonne. Celui que nous appelons plaisamment le quincailler des philosophes, maître sans partage du sophisme et de l’entourloupe, celui-là même qui nous inonde d’ouvrages interchangeables jusqu’à trois fois par an, petits sermons laïco-centristes commis avec le même sérieux impayable et qu’on voudrait nous faire prendre pour de la philosophie est l’objet d’un culte persistant. Il faut croire que le bougre fait encore des ravages dans le cœur des universitaires sexagénaires, comme le montre cet incipit, qui, on le jure, n’est pas un pastiche : « Un nom d’abord il fut. Puis un visage. Le regard cerné de célèbres lunettes rectangulaires devenues un logo, qui cadrent le réel, le champ du visible, son lieu d’exploration. » [...]
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