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Présidence LR : le tabou absolu des alliances

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Publié le

13 octobre 2017

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Wauquiez

 

[qodef_dropcaps type=”normal” color=”red” background_color=””]c[/qodef_dropcaps]omme tout parti politique souhaitant rassembler plus de 50% des électeurs, Les Républicains a besoin d’alliés, son socle électoral incompressible (retraités et bourgeoisie conservatrice) culminant à environ 20%. Or cette question des alliances fait l’objet d’une omerta totale. Aucun cadre n’ose aborder ce sujet capital.  

 

Les Républicains, encore sonnés par leurs échecs électoraux de 2017, sont sur le point de désigner leur nouveau chef de file. Dans cette élection interne Laurent Wauquiez fait figure d’archi-favori. Celui-ci apparaît comme l’homme de la situation pour beaucoup de militants : jeune (42 ans), issu du sérail (Sciences Po’ Paris et ENA), catholique père de deux enfants, le dynamique président de la région Auvergne-Rhône-Alpes séduit par son positionnement très droitier. Il promet le retour à une droite sans concession et fidèle à ses valeurs quitte à  « tout changer » en Europe, notamment le libre-échange intégral et les règles de Schengen. M. Wauquiez, agrégé d’histoire, refuse « la repentance à sens unique » et parle sans complexe d’identité et de frontières, pour le plus grand plaisir de ses partisans.  

Ce discours, où le mot « droite » est martelé avec insistance, répond exactement aux attentes de la base militante. Mais cet engouement pour Laurent Wauquiez risque de se heurter très vite à LA question essentielle : celle des alliances.

 

Deux voies possibles : celle dictée par la bien-pensance ou celle des convictions. 

 

Pourtant Laurent Wauquiez a en théorie deux options. La plus confortable consiste à renouveler l’alliance centriste qui lui permet de rester dans « le champ républicain » défini par les grands médias. Cette course au centre comprend plusieurs étapes : d’abord rallier les centristes en interne (notamment les juppéistes et les « constructifs ») puis négocier avec les partenaires extérieurs au parti (principalement l’UDI). Dans ce cas, ce sont les questions économiques et fiscales qui servent de dénominateur commun?: réduire la dépense publique, baisser les impôts, lutter contre l’assistanat. Par contre, les questions migratoires, sécuritaires ou sociétales sont complètement occultées, les centristes refusant toute inflexion en la matière. Dans un tel scénario, les karchers resteront, comme en 2007, au vestiaire, les flux migratoires massifs continueront et les électeurs de droite vivront une nouvelle humiliation. 

 

S’il veut réellement rompre avec la pensée unique, Laurent Wauquiez peut également s’éloigner des centristes (dont beaucoup ont d’ores et déjà rejoint Macron) et se rapprocher de la mouvance nationale comprenant DLF, la « droite hors de murs » et le Front National, parti incontournable en pleine refondation. Cette « plateforme », comme la nomme Nicolas Dupont-Aignan, se constituerait autour des questions identitaires, régaliennes et familiales. Ce scénario est souhaité par les sympathisants FN et DLF, mais aussi par un nombre croissant de LR, notamment dans l’aile droite du parti qui soutient précisément Laurent Wauquiez. Tous réclament le renforcement de l’autorité de l’Etat, la tolérance zéro en matière pénale, le retour des frontières et la fin de l’immigration de masse. Mais la direction LR, soucieuse du « qu’en dira-t-on » parisien, n’est plus en phase avec son électorat. 

 

Wauquiez a déjà tranché en faveur du centre. 

 

Laurent Wauquiez, qui se présente pourtant comme le champion de la «  droite de conviction », refuse catégoriquement de revoir les alliances de son parti. A l’image des autres cadres LR, aborder le sujet est même inconcevable : l’élection de décembre prochain se fera donc sans aucun débat. En désignant la juppéiste Virginie Calmels comme sa future vice-présidente, tout en recadrant très sévèrement Sens Commun, M. Wauquiez annonce la couleur : LR restera soumis au chantage moral de la gauche ainsi qu’aux exigences idéologiques de ses encombrants alliés centristes. Il a donc choisi à la place des militants et contre l’avis de ceux qui le soutiennent. Il a même averti ceux, très nombreux, qui veulent (enfin) une rupture stratégique?: toute entente avec le FN entraînera une exclusion immédiate (contrairement aux « constructifs » qui ont toute leur place au sein du parti). Il a même refusé de débattre avec Marine Le Pen lors de « l’émission politique » de France 2. 

 

 

 

En somme, la base militante est priée de travailler sans donner son avis. Les électeurs de la droite identitaire et conservatrice doivent se résoudre à apporter l’essentiel des voix à un parti qui les trahit systématiquement sur l’autel des négociations avec les centristes. Cette perspective toute tracée est devenue de plus en plus insupportable pour les sympathisants. En refusant de mettre en accord son discours (très droitier) et ses alliances (au centre), Laurent Wauquiez condamne son parti, soit à perdre les élections (au profit d’En Marche ! ou de la gauche, qui sait s’unir), soit à revivre un scénario à la Sarkozy. Il n’est pas certains que les militants LR acceptent cette perspective peu réjouissante. 

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