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Savez-vous implanter des cadres, à la mode, à la mode…

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19 avril 2021

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« S’implanter, s’allier, gouverner », telle est, dans l’ordre, la stratégie à mettre en œuvre. Dixit Marine Le Pen en 2018. Si l’implantation locale est le premier étage de la fusée qui doit la propulser au 55, rue du Faubourg Saint-Honoré, le compte à rebours va devoir attendre un moment…
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Depuis son élection à la tête du FN, et plus encore après 2017, Marine Le Pen fait de l’implantation locale un préalable à son entrée à l’Élysée. « La victoire à une présidentielle ne se gagne pas en un an ou six mois. Elle se construit […] sur un cycle électoral complet. Municipales, régionales, départementales… On ne gagne pas sans appui, sans réseaux, sans maillage territorial, ce maillage qui nous a certainement manqué lors de la dernière présidentielle », explique-t-elle au Luc, dans le Var, en janvier 2018. Quelques semaines plus tard, sur BFM, elle assure : « Le FN aura trois lignes directrices à l’avenir: s’implanter, s’allier, gouverner ». Une consigne martelée dans la foulée au congrès de Lille, qui voit sa réélection et l’annonce de la transformation du FN en RN.

Remarque en passant: si Marine Le Pen juge alors que le FN-RN doit s’implanter, c’est qu’elle constate qu’après près d’un demi-siècle d’existence, il ne l’est toujours pas! Ou qu’il ne l’est plus. Tous les cadres dirigeants du FN à qui on le fait alors remarquer font la même réponse : « Oui, mais il y a eu la scission mégrétiste qui nous a privés de la plupart de nos cadres ». Vingt ans après, rejeter la responsabilité sur ceux qui ont déserté le camp de la reine n’est plus très crédible.

Aux municipales de 2020, le RN n’a présenté, dans tout le département fort de quarante communes, qu’une seule liste ! À Noisy-le-Grand

Du Var à Saint-Denis, dure est la chute

L’actuelle carence d’implantation locale est pourtant bien réelle. Voyez l’exemple de la Seine-Saint-Denis, terre électorale de Jordan Bardella, le brillant jeune homme dont il se dit qu’il pourrait succéder à Marine Le Pen à la présidence du RN lorsqu’elle décidera de prendre de la hauteur et de confier l’appareil à quelqu’un de sûr. Aux municipales de 2020, le RN n’a présenté, dans tout le département fort de quarante communes, qu’une seule liste ! À Noisy-le-Grand.

Dans le « neuf-trois », le parti a pourtant connu des jours bien meilleurs. Il y a 20 ans. En 2001, le FN et le MNR étaient parvenus à monter des listes dans 23 villes! On avait pu alors voter pour le FN ou le MNR – parfois même pour les deux ! – à Sevran, Saint-Denis, Saint-Ouen, Pantin, Bobigny, Clichy-sous-Bois, etc. C’est devenu impossible. Pourquoi? Sébastien Jolivet, délégué départemental du RN, nous explique pudiquement que « la sociologie du département change », ajoutant: « Beaucoup ont fui l’insécurité ». C’est exact. Mais pas que.

Lire aussi : Rassemblement national : L’avis des jeunes

La Seine-Saint-Denis n’est pas un exemple isolé. Dans le Var, le FN avait présenté en 2014 trente listes couvrant les deux tiers des 47 villes de plus de 5 000 habitants, dont les dix communes les plus importantes. Trois maires FN avaient été élus, David Rachline à Fréjus, Philippe de La Grange au Luc-en-Provence, Marc-Etienne Lansade à Cogolin. Dans la foulée, conséquence des victoires électorales et symbole de cette implantation, David Rachline avait été élu sénateur. Et l’année suivante, le FN s’emparait de trois cantons.

En 2020, le Rassemblement national n’est plus parvenu à constituer, dans le Var, que dix-huit listes. Si Rachline et Lansade (qui n’est plus au RN) ont été brillamment réélus, le RN a perdu Le Luc et divisé par deux le nombre de ses conseillers municipaux. Conséquence, en septembre suivant, le siège de sénateur a été perdu.

« La qualité plutôt que la quantité »

Sur toute la France, aux municipales de 2014, le FN avait présenté plus de 600 listes, emportant une dizaine de mairies et faisant élire 1 500 conseillers municipaux. L’an dernier, le RN a revendiqué 400 listes, soit un recul d’un tiers par rapport à 2014. « S’implanter », disait-elle… « La qualité plutôt que la quantité », ont expliqué les responsables du parti, sans réaliser ce que ça pouvait avoir de blessant pour ceux qui s’étaient portés candidats six ans plus tôt et qui ne se résument pas au tiers des élus municipaux qui sont partis.

Hénin-Beaumont, la vitrine

La vitrine municipale du FN-RN, c’est Hénin-Beaumont. « Le Front rêvé de Marine Le Pen », comme le titrait déjà Le Monde début 2011, c’est là qu’il existe, au cœur du bassin minier, avec, relatait Abel Mestre, « un FN implanté grâce à un maillage militant du territoire et qui s’occupe des affaires quotidiennes des habitants, faisant presque un travail associatif ». L’artisan de cette vitrine, c’est Steeve Briois. Engagé très jeune au FN, il est élu en 1995, à 22 ans, au conseil municipal. Après un passage au MNR de Bruno Mégret, il regagne le FN en 2001. Six ans plus tard, il fait revenir Marine Le Pen dans le Pas-de-Calais. Pari réussi. Dans la débâcle des législatives 2007, elle est la seule candidate FN qualifiée pour le second tour. Pourtant, malgré un contexte hors-normes - un maire socialiste révoqué qui finit en prison, son successeur déclaré inéligible, une gauche divisée, etc. –, Briois attendra 2014 avant d’occuper le bureau de maire. Vingt ans de militantisme pour l’emporter!

L’implantation pourrait se concrétiser par l’élection d’un sénateur en 2023

C’est depuis la permanence d’Hénin que le FN a réussi son implantation dans le Pas-de-Calais. Aux municipales de 2014, le parti a pu présenter 24 listes. L’année suivante, douze frontistes ont fait leur entrée au conseil départemental. Du jamais vu, même si le groupe reste largement minoritaire. En 2017, le RN a obtenu quatre députés (Le Pen, Pajot, Bilde, Evrard) sur les douze du département. Fort de ces résultats, sur les 71 villes du département de plus de 5 000 habitants, il a pu présenter des listes dans vingt-huit d’entre elles, l’emporter à Bruay-la-Buissière et faire élire presque 150 conseillers municipaux. L’implantation pourrait se concrétiser par l’élection d’un sénateur en 2023[...]

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