Il y a définitivement quelque chose entre le rock et l'Europe septentrionale. On se demande parfois comment ces pays d'humbles pêcheurs et de triste culture protestante ont pu accoucher d'une scène musicale aussi virtuose, comme si l'électricité là-bas avait des qualités particulières, comme si les hivers à rallonge et la solitude des grands espaces n'offraient d'autre issue pour leurs habitants que l'hystérie du rock'n'roll.
Si la Suède et la Norvège se sont spécialisées depuis longtemps dans les excès néo-romantiques du black metal, l'Islande était passée jusque-là sous les radars, seulement auréolée du succès de son unique vedette, Björk, et de quelques actes isolés comme les disques lumineux de Sigur Rós. Pourtant, depuis quelques années, tout a changé : sur ce caillou offert aux tempêtes et encore cerné de mythes, une nouvelle génération a vu le jour : des hordes de gosses se sont soudain emparés de guitares pour produire une musique radicalement de son temps, c'est-à-dire radicalement passéiste, arrangée avec ce qu'il faut de désespoir et de singularité pour en faire la bande-son de l'Europe Terminale. [...]
Vous souhaitez lire la suite ?
Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !