1974
Valéry Giscard-d’Estaing est opposé à François Mitterrand. Les deux hommes ne s’aiment pas mais ont en commun d’être des politiciens pure souche, rodés à l’exercice. Près de vingt ans que VGE est en politique, trente ans pour Mitterrand. C’est d’ailleurs sur ce point que le centriste attaquera l’homme de gauche en le décrivant comme « un homme du passé [avec qui] on ne peut pas parler d’avenir ». Pourtant, la phrase la plus mémorable de ce débat, celle que tous les jeunes entendent encore aujourd’hui contée par leurs parents qui l’avaient eux-mêmes entendue des leurs, c’est bien celle prononcée par VGE : « Tout d'abord je trouve toujours choquant et blessant de s'arroger le monopole du cœur. Vous n'avez pas monsieur Mitterrand, le monopole du cœur ! Vous ne l'avez pas... J'ai un cœur comme le vôtre qui bat à sa cadence et qui est le mien. Vous n'avez pas le monopole du cœur ». Bim ! En plein dans sa mouille au coco ! Finalement, Valoche gagnera à 50,8%, soit 46 points de plus que l’autre Valoche près d’un demi-siècle plus tard.
1981
Le match retour, déjà ! Sept ans plus tard, VGE a un quinquennat dans les bagages, ce qui ne facilite pas les choses. En effet, il est sous le coup d’une affaire : celle des diamants du Bokassa. Pour avoir la main, Mitterrand imposera que le débat se déroule selon ses conditions, ce que VGE doit accepter. L’homme de gauche a appris de ses erreurs et répond au centriste, qui le qualifie d’« homme du passé », qu’il est quant à lui un « homme du passif ». Mitterrand séduit, il remportera le débat et l’élection à 51,8%, soit 50 points de plus que le PS en 2022. Ouch.
1988
Pour la troisième fois, François Mitterrand est présent à un débat d’entre-deux-tours. Apparemment, les Français ne s’en lassent pas. Mais cette fois-ci, c’est à Jacques Chirac qu’il s’oppose. Les deux hommes ne s’aiment vraiment pas, mais alors vraiment pas. Ils ont cohabité pendant deux ans, et n’en peuvent plus l’un de l’autre. Une réplique est d’ailleurs restée célèbre, preuve de l’animosité présente. Alors que Jacques Chirac tente de s’affirmer d’égal à égal – « Permettez-moi de vous dire que ce soir, je ne suis pas le Premier ministre, et vous n'êtes pas le président de la République, nous sommes deux candidats à égalité » –Mitterrand lui rétorque avec ironie : « Mais vous avez tout à fait raison, monsieur le Premier ministre ». Et vlan ! L’ascendant est pris, Jacquot n’a plus aucune chance. Il perdra quelques jours plus tard.
1995
Entre Chirac et Jospin, le débat est bien plus courtois. Peut-être trop, voire complaisant selon certains journalistes. Les deux candidats s’apprécient plutôt, comme le rappelle Jospin dès le début du de la confrontation en déclarant n’avoir « aucun antagonisme à l'égard de Jacques Chirac, sauf en ce qui concerne ce qui peut les séparer : des convictions, des conceptions, des propositions pour les Français ». Si Jacques Chirac se montre un peu plus réservé à ce sujet, il rira pourtant à la saillie de son adversaire : « Il vaut mieux cinq ans avec Jospin que sept ans avec Jacques Chirac. Ce serait bien long ». Alors que tout pouvait basculer, le candidat du PS n’a rien fait pour renverser la table et Chirac gagnera tranquillement. [...]
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