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Sonia Mabrouk : « La France n’est pas multiculturelle et ne peut l’être »

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Publié le

8 mai 2019

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Le sabir est la langue des ports méditerranéens. Un mélange d’italien, de français et d’arabe, mâtiné d’accents latins et grecs, parlé à Alexandrie, Marseille, Athènes et Carthage. Sur les hauteurs de l’antique capitale punique, Sonia Mabrouk a choisi son camp lorsqu’elle étudiait à l’Institut des hautes études commerciales de Carthage (IHEC) : celui de la France et par n’importe laquelle, celle des Camus, Stéphane Zweig, Marguerite Yourcenar et Romain Gary. Intervieweuse sur Europe 1 et maîtresse des débats sur Cnews dans son émission « Les Voix de l’info », la belle Sonia surprend. Son style d’abord, un sourire envoûtant qui allie le charme de l’Orient et la courtoisie française mais aussi une autorité, à la fois naturelle et professionnelle. On débat mais avec respect et on ne se cache pas derrière une novlangue bidon au risque de se faire débusquer. Il y a quelques semaines Bernard-Henri Lévy en a fait les frais, poussé dans ses retranchements sur l’affaire Battisti: il bégayait comme un enfant. Sur ses plateaux, Sonia Mabrouk invite Gabrielle Cluzel, Alexandre del Valle et L’Incorrect. Les qu’en dira-t-on? Elle s’en tamponne. Elle cherche des personnalités qui n’ont pas honte de dire ce qu’ils pensent et parlent sans le moindre tabou de tous les sujets. Celle dont le grand-père s’appelle Delenda, comme un rappel que Carthage ne fut jamais définitivement détruite malgré la haine de ses ennemis, pourfend le politiquement correct, le multiculturalisme, l’islamisme et l’effacement des chrétiens de leurs propres terres. Entre deux émissions, elle écrit. Deux livres à succès, Le monde ne tourne pas rond, ma petite-fille (Flammarion, 2017) et Dans son cœur sommeille la vengeance (Plon, 2 018) sur le sujet brûlant du retour des enfants de djihadistes. Calme, précise, têtue, courtoise, cultivée, impertinente, voici Sonia Mabrouk. Vous avez reçu Mathieu Bock-Côté pour son ouvrage L’Empire du politiquement correct (Éd. du Cerf, 2019), dans lequel il pointe du doigt la responsabilité des universités et des médias dans l’avènement du politiquement correct. Partagez-vous son analyse ? Je suis complètement d’accord avec Mathieu à la seule différence que je n’essentialise pas les médias comme les universités. Heureusement, il en existe qui résistent au politiquement correct. Cependant, il y a une chose encore plus grave que le politiquement correct, c’est l’autocensure en amont, qui conduit certains à ne pas dire ce qu’ils pensent pour plaire à ce que l’on croit être le plus grand nombre qui est en fait une élite autoproclamée essayant d’influencer l’opinion. Pensez-vous qu’il soit très compliqué de contester cet empire ou qu’il suffirait, comme dans le conte d’Andersen, de dire que « le roi est nu » pour qu’il s’écroule ? Cet empire est comme un tableau que certains arrivent à fendiller par des flèches bien acérées. Un essayiste comme Mathieu Bock-Côté y contribue et j’en reçois d’autres qui arrivent aussi à perturber ce système. Et puis, je crois au bon sens des Français qui en ont ras-le-bol du politiquement correct. Dans les combats qui vous tiennent à cœur, quel intérêt accordez-vous au vocabulaire ? Je n’utilise pas les mots que je trouve vides de sens, comme par exemple le « vivre-ensemble » qui ne signifie rien. Dès qu’une personne l’utilise sur un plateau, je lui demande de le définir. De même, je me méfie des mots en « isme » ou en « phobie » qui ont pour principal objectif d’anesthésier tout débat par une tentative de psychiatrisation de l’adversaire. Ce sont des pierres qu’on lance, comme une lapidation médiatique. En revanche, il y a des mots tabous qu’il serait opportun de réhabiliter, par exemple les termes de souveraineté et de nation. Car qu’y a-t-il de plus essentiel pour un pays que la souveraineté et l’enracinement dans une communauté nationale ? Si l’on revient à l’étymologie, la souveraineté, c’est véritablement l’expression de la démocratie. Votre récente interview de Bernard-Henri Lévy sur l’affaire Battisti vous a valu de passer pour une journaliste pugnace qui ose rappeler certaines vérités, notamment le soutien que BHL et toute une partie de la gauche ont toujours apporté à Battisti. Pourquoi l’avoir fait ? Je ne prépare pas une interview pour faire trébucher mon invité mais je voulais connaître la vérité. Sur cette affaire, des journalistes ont été quasiment cloués au pilori. On ne pouvait pas dire un mot sur Battisti sans se faire lyncher médiatiquement. Battisti était intouchable. Or, du jour au lendemain, tout a changé et du fait de son extradition, il est apparu pour ce qu’il était, c’est-à-dire un criminel. Dès lors, je m’attendais à ce que BHL s’excuse et reconnaisse ses erreurs. Et puis, je pensais aux familles de victimes dont personne ne parlait. Or, lorsque BHL me répond, il comprend que Battisti est un criminel mais ne s’excuse pas ni avoue s’être trompé. Reconnaître ses erreurs aurait pourtant été une forme d’hommage rendu aux familles des victimes ainsi qu’à tous ceux qui ont cherché à faire émerger la vérité, en se faisant insulter par les bien-pensants. Depuis quelques années on observe une méfiance de plus en plus grande vis-à-vis des journalistes. Quelle analyse en faites-vous ? C’est un diagnostic que tout le monde partage mais encore faut-il s’interroger sur les causes de ce désaveu. Il y a quelque chose qui m’a toujours frappée, c’est la manière dont, par exemple, on parle de Donald Trump. On peut légitimement ne pas partager ses idées ou son style mais encore faudrait-il en parler de manière honnête sinon objective. Or, il y a toujours une forme d’hystérisation à son sujet dans les médias français. Depuis son élection, on a mis des lunettes idéologiques et on observe le monde tel qu’on voudrait qu’il soit et non tel qu’il est. Autre sujet d’hystérie collective : les migrants. On culpabilise les Occidentaux mais on oublie de voir ce qui se passe de l’autre côté de la Méditerranée. La Tunisie, pays que je connais bien pour y avoir grandi, a choisi, tout en prenant largement sa part dans l’accueil de migrants, d’avoir un discours ferme sur cet accueil en le conditionnant à un ensemble de facteurs, notamment la capacité d’intégration politique, économique et sociale du pays. En France, tenir ce discours vous fait passer pour un homme raciste ou sans cœur. Cette culpabilisation de l’homme occidental vient de loin et continue de sévir. Qu’avez-vous envie de dire aux Européens qui se repentent en permanence de leur histoire ? Pour moi, c’est un vrai sujet d’interrogation. Je ne comprends pas cette honte des Français et en particulier des chrétiens qui ne s’assument pas comme tels, en France, à cause de la laïcité. J’ai l’impression qu’il est plus facile pour une personne d’un autre pays ou d’une autre religion de s’assumer. Sur un plateau de télévision, même après l’incendie de Notre-Dame, certains avaient du mal à rappeler qu’il s’agissait avant tout d’une cathédrale, donc d’un lieu de culte catholique même s’il est devenu universel par son poids dans l’histoire. Il y a un certain état d’esprit ambiant qui consiste à crier « haro sur le catho », en particulier depuis le mariage pour tous. En même temps, il y a un sursaut qui émane de cette composante conservatrice de la société qui revendique le droit à l’existence politique et n’accepte plus d’être injustement ringardisée et méprisée. D’ailleurs […] Suite dans le dernier L’Incorrect et en ligne pour les abonnés.
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