Il y a quelques mois, la rédaction avait été contactée par une directrice d’école tenant à rester anonyme. Elle nous avait narré les dérives d’un syndicat jugé tout-puissant en banlieue parisienne, Sud Éducation 93. Nous remontions le fil de cette histoire, découvrant que plusieurs enseignants et directeurs avaient fini par démissionner, las des menaces et d’une ambiance de travail conflictuelle. Notre article avait même eu des conséquences très directes, provoquant un conflit ouvert entre les syndicats et le rectorat de l’académie du département de Seine-Saint-Denis dont le média d’extrême gauche Médiapart s’était ému, son équipe ayant pris la défense des enseignants soupçonnés d’être à la source des vagues de départ, de harcèlement moral et de manquements réguliers au programme.
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L’affaire a même pris des proportions que nous ne pouvions pas soupçonner d’avance. Après qu’il a été décidé de la mutation de six des enseignants suspectés d’avoir participé à la « dégradation du climat » dans l’établissement, une tribune dénonçant la « répression des équipes éducatives » a été diffusée. Une missive enflammée signée par la crème du militantisme de la gauche radicale : Nathalie Arthaud, Anasse Kazib, Philippe Poutou, Éric Coquerel, Clémentine Autain, Sandrine Rousseau, Olivier Besancenot, Caroline de Haas, Assa Traoré, Adèle Haenel… ou encore le très louche Taha Bouhafs. Rédigée en écriture inclusive, comme les messages internes auxquels nous avions eu accès, elle visait sans la nommer la rédaction de L’Incorrect : « L’Éducation nationale et l’extrême-droite agissent ici « main dans la main » pour réprimer les enseignant.e.s »
Soyons très clairs : nous n’avons pas agi sur ordre de l’Éducation nationale, ni même avec sa bienveillance ou sa complicité. Non, nous avons tout simplement été contactés par une directrice d’école au bord de la crise de nerfs, désabusée, déjà épuisée par le système. Du reste, cet article a suscité de nombreuses réactions réjouies chez des enseignants de tous bords politiques, dont certains nous ont aussi écrit pour nous transmettre des informations sur des agissements de Sud Éducation dans d’autres départements et dans des centres de formation des maîtres.
L’école n’est pas une entreprise de rééducation idéologique, encore moins une préparation aux combats politiques de la gauche ; elle doit d’abord et avant tout instruire des jeunes qui seront demain des adultes lâchés dans le marché du travail
À Toulouse, une personnalité comme Fatiha Agag-Boudjahlat lutte depuis des années face à la tyrannie de la gauche radicale, qu’elle soit marquée par la pensée qu’on appelait autrefois « indigéniste » ou proche de ce qu’on nomme aujourd’hui le mouvement « woke ». Comme des milliers d’enseignants en France, elle cherche à faire correctement son travail, à transmettre des savoirs élémentaires dans le public et à éviter que de nombreux parents ne fuient vers le privé pour bénéficier… d’un service public de qualité. L’école n’est pas une entreprise de rééducation idéologique, encore moins une préparation aux combats politiques de la gauche ; elle doit d’abord et avant tout instruire des jeunes qui seront demain des adultes lâchés dans le marché du travail.
Les syndicats contrôlent depuis trop longtemps les salles de profs. Ce qui a été intolérable pour Sud Éducation 93, c’est que la hiérarchie se soit enfin saisie du problème. Face aux reproches émanant de l’Éducation nationale, étayés et sourcés, reprenant au mot près les dysfonctionnements que nous dénoncions dans ces colonnes, pointant notamment « une posture d’opposition systématique », des tentatives d’imposer « un cadre d’autogestion » à des enfants de primaire, ainsi qu’une « attitude manipulatrice », les syndicats ne se sont aucunement remis en question.
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Il était plus commode de dénoncer « l’extrême droite » à laquelle nous sommes supposés appartenir. Voire d’y assimiler l’infortuné Jean-Michel Blanquer, qui a dû céder sa place à un Pap Ndiaye qui sera peut-être plus clément – l’avenir nous le dira – mais qui en tout état de cause avait participé à des « ateliers en non-mixité raciale » organisés par le même Sud Éducation 93. Les six enseignants mutés ont donc évoqué des « allégations » sans fondement ni preuve d’un dossier vide. Ils ont en toute logique déposé un référé-liberté aux côtés des syndicats Sud Éducation 93 et SNUipp-FSU 93, ainsi que de parents d’élèves, pour contester leur mutation entrée en vigueur au début du mois de mai, allant jusqu’à exprimer leurs craintes face à « une rupture brutale avec les élèves ».
Visiblement, le juge des référés du tribunal administratif ne l’a pas entendu de cette oreille. Considérant que l’intérêt supérieur de l’enfant avait été respecté, il a surtout estimé que les arguments opposés par les enseignants de l’école Louis-Pasteur n’étaient pas fondés. Sud-Éducation peut faire appel, mais il s’agit d’une petite victoire. Tant pour votre magazine qui a révélé cette affaire que pour les enseignants excédés qui n’arrivaient pas à se faire entendre. Plus encore, cela montre qu’il est encore possible de rêver à une école publique qui redeviendrait un temple de l’instruction et non le jouet d’expérimentations pédagogiques d’idéologues politisés.