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Suppression du corps préfectoral : fin d’un monde ou fin du monde ?

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Publié le

22 avril 2022

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La suppression des corps des préfets, remplacés par de simples statuts d’emplois, a fait pousser les hauts cris à la quasi-totalité la classe politique. Avec un peu de recul, puisque la réforme a été annoncée en mai 2021 et que les principaux textes sont sortis, qu’en est-il ? Analyse de Jean Kerguen, haut fonctionnaire.
préfet

Jusqu’à présent, la majorité des membres du corps préfectoral et du corps diplomatique était composée de fonctionnaires ayant choisi d’entrer dans ces corps dès le début de leur carrière, qu’ils étaient censés poursuivre, pour l’essentiel, au sein de ce même corps. Pour le corps préfectoral, une carrière type était de commencer comme directeur de cabinet d’un préfet, puis sous-préfet d’arrondissement, enfin secrétaire général de préfecture pour envisager le Graal : la nomination comme préfet, pour le reste de la vie. Car, une fois entré dans le corps, on y restait.

Désormais, préfets, sous-préfets et diplomates ne correspondront plus à des statuts mais à des emplois. On y sera nommé pour un temps limité (9 ans maximum) au terme duquel le principe sera de retourner dans le vivier dans lequel le pouvoir aura été puiser. Pour la grande majorité ce sera le nouveau et vaste corps des administrateurs de l’État.

Le cœur de la réforme est en fait de briser les logiques de carrières à vie : on entre dans un corps et on en sort (presque) les pieds devant. Car cette stabilité a quelques inconvénients non négligeables que le gouvernement a jugé supérieurs à ses avantages.

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Premier inconvénient : la « rente ». Une fois entré dans le corps on bénéficie ad vitam de ses protections, de ses avantages, de ses perspectives, nonobstant ses qualités personnelles et ses échecs. Le pire qui puisse vous arriver une fois titularisé préfet est… de le rester, mais sans poste territorial. Deuxième inconvénient : l’entre-soi, car la stabilité des personnels dans le corps peut gêner l’ouverture dudit corps. Troisième inconvénient : le coût, car si le gouvernement a le droit de changer les préfets, leur appartenance à un corps empêche de les renvoyer, ce qui implique de trouver un débouché aux sortants ou les « placardiser », en d’autres termes, les payer à ne rien faire. On aura reconnu le cas de nombre des préfets autrefois dits « hors cadre ». Quatrième inconvénient, auquel on prête trop rarement attention : le formatage, car passer des décennies dans un même corps, à obéir à des gouvernements différents aux politiques contradictoires, n’est pas forcément l’occasion de tremper son caractère et de valoriser ses éventuelles qualités d’audace. [...]

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