L’extension de la LGV représente un investissement de 53 milliards de dirhams (environ 5 milliards d’euros), hors matériel roulant, et s’inscrit dans un programme plus vaste de modernisation du transport ferroviaire marocain, chiffré à 96 milliards de dirhams. Cette enveloppe comprend également l’acquisition de 168 trains modernes, le développement de réseaux de transport en commun dans les métropoles, ainsi que la création d’un écosystème industriel ferroviaire à forte valeur ajoutée.
La nouvelle ligne reliera les villes phares de Rabat, Casablanca et Marrakech, tout en desservant l’aéroport de Rabat, l’aéroport Mohammed V de Casablanca et le futur stade de Benslimane, non loin des plages de Mohammédia. Les temps de trajet seront considérablement réduits : 1h entre Tanger et Rabat, 1h40 entre Tanger et Casablanca, et 2h40 jusqu’à Marrakech, soit un gain de plus de deux heures par rapport au réseau classique.
Une impulsion franco-marocaine lors de la visite présidentielle
Une partie significative du projet a été actée lors de la visite d’État du président Emmanuel Macron au Maroc qui s’est déroulée du 28 au 30 octobre 2024. À cette occasion, plusieurs accords bilatéraux ont été signés, notamment entre l’Office National des Chemins de Fer (ONCF) marocain et le groupe Alstom pour la fourniture de rames à grande vitesse. D’autres protocoles ont également porté sur des mécanismes de financement préférentiels destinés à accompagner cette infrastructure stratégique.
Cette coopération s’inscrit dans le cadre d’un partenariat économique renforcé entre Rabat et Paris, fondé sur des enjeux partagés : décarbonation des mobilités, transfert de technologies et co-industrialisation.
Une ambition continentale
Avec ce projet, le Maroc réaffirme son leadership ferroviaire sur le continent africain. Depuis l’inauguration en 2018 de la ligne LGV Tanger-Kénitra, baptisée Al Boraq, le royaume de Mohammed VI se distingue par sa capacité à planifier et à concrétiser des projets complexes à forte intensité technologique.
La nouvelle ligne Kénitra-Marrakech complète ce dispositif en connectant les trois pôles économiques majeurs du pays, tout en posant les bases d’un futur corridor Fès-Marrakech via des trains à grande vitesse circulant en partie sur la ligne classique.
Des retombées économiques et sociales majeures
L’impact de l’extension va bien au-delà de la seule mobilité. Le programme d’investissement prévoit l’implantation d’une unité industrielle de fabrication de trains, avec un taux d’intégration locale supérieur à 40 %. Il est également prévu la création d’une coentreprise entre l’ONCF et ses partenaires industriels pour assurer la maintenance courante et à long terme du matériel roulant. Cette approche vise à favoriser la montée en compétence des ressources humaines marocaines, tout en créant plusieurs milliers d’emplois directs et indirects.
Parallèlement, la libération de capacités sur les lignes classiques permettra le développement de réseaux de trains métropolitains de proximité (TMP) dans les agglomérations de Rabat, Casablanca et Marrakech. Ces nouveaux services répondront aux enjeux croissants de mobilité urbaine, avec des atouts en termes de ponctualité, de confort et de respect de l’environnement.
Un levier de transformation nationale
Le lancement de la LGV Kénitra-Marrakech intervient dans un contexte où le Maroc poursuit sa transformation en hub logistique et industriel régional. En combinant performance technologique, durabilité environnementale et souveraineté industrielle, ce projet illustre la volonté marocaine de s’inscrire dans les standards mondiaux les plus avancés.
Il offre également une belle vitrine à l’international : plusieurs pays africains ont déjà manifesté leur intérêt pour l’expérience marocaine, à la recherche de modèles de développement ferroviaire adaptés à leurs réalités.
Selon Rabat, avec cette nouvelle étape majeure, le Maroc ne se contente pas d’étendre son réseau ferré : il inscrit la grande vitesse au cœur de son modèle de développement, entre ambitions nationales et perspectives continentales.