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Thierry Lentz : « L’affaire de Rouen prouve que le danger de la cancel culture est réel »

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Publié le

11 octobre 2021

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À Rouen, la municipalité socialiste a décidé d’enlever la statue de Napoléon pour la remplacer par une femme célèbre, dont l’identité reste à déterminer. Spécialiste de Napoléon, l’historien Thierry Lentz dénonce l’action des activistes radicaux qui veulent déboulonner sans se soucier de l’histoire réelle, et y voit une matérialisation des dangers de la cancel culture en France.
Napoléon Rouen

La statue équestre de Napoléon à Rouen a été enlevée en juillet 2020 pour être restaurée, mais n’a toujours pas été remise en place. Le maire de la ville a exprimé son souhait de la remplacer par une statue de Gisèle Halimi, et les élus ont dernièrement ouvert un débat autour de la représentation des femmes dans l’espace public. Entre temps, un Bonaparte en livreur Deliveroo a été installé sur le socle. Que cette séquence vous inspire-t-elle ?

L’attitude des élus rouennais, sur laquelle nous alertons depuis maintenant un an, confirme que les forces de déconstructions et d’effacement de certains pans de notre histoire sont « en grande forme » et osent à peu près tout, sous couvert des sensibilités contemporaines surjouées. Elles ont été contenues au cœur du bicentenaire napoléonien parce que leurs animateurs ont bien senti un rejet de leurs thèses par une majorité de la population que les événements organisés à cette occasion ont passionné. Ajoutons que la prise de position du président de la République a été décisive pour siffler la fin de la récréation, quand bien même elle a été en-dessous de ce que qu’on pouvait espérer.

Lire aussi : Cancel culture : effacer l’historique

Mais comme je l’ai écrit à plusieurs reprises, rien n’est gagné dans ce domaine, même si la France résiste plutôt mieux que les pays anglo-saxons à la « cancel culture ». L’affaire de Rouen prouve que le danger est réel. Voici une municipalité bigarrée qui, pour maintenir sa cohérence, laisse la main aux éléments les plus radicaux pour effacer. Car il ne s’agit pas d’autre chose : la statue de Napoléon est à cette place, devant la mairie, depuis près de 150 ans ; elle fait partie du paysage urbain ; elle a été érigée pour témoigner de l’intérêt que Napoléon a eu pour Rouen et des bienfaits dont il a couvert cette ville. Le maire et son équipe ont décidé de n’en tenir aucun compte, de n’en faire qu’à leur tête, d’imposer à la majorité silencieuse leurs lubies, arguant de leur légitimité représentative dont ils devraient tout de même se rappeler parfois que, si elle n’est pas contestable en droit, est le résultat d’une élection où 70% des électeurs se sont abstenus.

Comment interpréter ce possible passage de l’homme Napoléon, associé à une période glorieuse de notre histoire, à la femme Gisèle Halimi, l’un des grands soutiens du FLN ?

Il semble que le maire soit revenu sur son idée de remplacer Napoléon par Gisèle Halimi, dont vous avez raison de rappeler qu’elle fut un soutien et le défenseur des terroristes du FLN. On ajoutera qu’ambassadeur de France à l’UNESCO, elle a été rapidement remplacée pour avoir refusé d’appliquer les instructions du gouvernement et s’être comportée en diva dans une instance en principe feutrée et modeste. Sa personnalité dont on a seulement voulu retenir sa juste lutte pour l’égalité entre les sexes est apparue bien plus complexe qu’attendue par des élus qui, sans doute, avaient oublié de se renseigner avant de parler.

Le maire a donc rétropédalé et appelé à choisir entre une liste de femmes où Simone de Beauvoir, Olympe de Gouges et même Jeanne d’Arc ont fait leur apparition. On aimerait lui demander ce que ces personnalités – mis à part la Pucelle, mais elle est déjà bien présente dans la ville – ont fait pour Rouen, comparativement à Napoléon. Mais, bien sûr, cette question les intéresse moins que le « coup » qu’ils croient faire pour satisfaire les activistes de tout poil. [...]

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