On a assisté à de nombreux déboulonnages de statues sur fond de tensions raciales. Or, dans la tradition française, la race n’a pas sa place en politique. Pensez-vous que le mouvement Black lives matter importé des États-Unis risque de remettre en cause l’universalisme républicain chez nous ? N’est-il pas paradoxal d’introduire le critère de la race dans le champ politique quand on proclame par ailleurs que les races n’existent pas ?
C’est justement pour proclamer sans équivoque qu’elle ne doit en aucun cas intervenir dans les rapports sociaux au sens large que la notion de race subsiste juridiquement en France, à l’article premier de la constitution : « La République […] assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion ». Et comme le droit ne s’applique pas de lui-même, même s’il doit être le seul guide de l’action de l’État et des particuliers, des efforts doivent être consentis pour que le principe connaisse sa pleine et constante application. On ne peut pas dire que ces efforts ne sont pas faits, même si, en ce bas monde, rien n’est jamais parfait et tout reste toujours, sinon à recommencer, au moins à entretenir et à perfectionner. En ce sens, je ne crois pas que l’importation chez nous de mouvements américains, qui répondent à des questions et une histoire spécifiques aux États-Unis, soit de nature à identifier les problèmes propres à la société française et encore moins à les résoudre. [...]
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