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TRIBUNE : Tirage au sort : Macron bricole pour cacher la défiance des Français

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Publié le

5 janvier 2021

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Jean-Frédéric Poisson est président de VIA | la voie du peuple, et l’auteur de « La voix du peuple » aux éditions du Rocher. Cet ancien maire et député, docteur en philosophie, réagit à la décision d’Emmanuel Macron de consister un collège de 35 citoyens tirés au sort pour conseiller le gouvernement sur sa stratégie vaccinale. Tribune.

Emmanuel Macron ne respecte qu’un seul volet dans les institutions de la Vème République : la place du Président de la République à la tête de l’État. Ou plutôt, sa place. Pour le reste, tout peut être remis en cause, tordu, instrumentalisé, méprisé. Et voilà que l’inventivité créative sans retenue d’Emmanuel Macron s’en prend une nouvelle fois au Parlement. C’est en tout cas ce qu’indique son idée totalement insensée de créer d’ici le 16 janvier un comité composé de trente-cinq Français « tirés au sort » chargé, au nom des Français, « d’émettre des observations et de formuler des recommandations sur la politique vaccinale ».

La défiance entre le Gouvernement et les Français est-elle définitivement consommée ? Est-elle à ce point irréversible que le chef de l’État doive bricoler artificiellement des instances présentées comme objectives, innovantes et représentatives ? Est-ce bien à la hauteur du mandat présidentiel que cette obsession à bidouiller des comités Théodule pour contrer le tsunami de suspicion populaire qui balaye de sa puissance exponentielle tout crédit à la politique macronienne ? Aurait-on oublié, dans les bureaux de l’Elysée, qu’il existe déjà une institution chargée de la représentation des Français et du contrôle de l’action de l’Exécutif : le Parlement ? Y aurait-on oublié que les Français ont voté pour élire ses membres, et que la moindre des choses, si l’on veut redonner la parole au peuple, est de respecter les prérogatives de ses élus ?

Aurait-on oublié, dans les bureaux de l’Elysée, qu’il existe déjà une institution chargée de la représentation des Français et du contrôle de l’action de l’Exécutif : le Parlement ?

On annonce que, par soucis d’égalité et de représentativité indiscutables, des critères précis seront pris en compte dans le tirage au sort : âge, genre, région de résidence, catégorie socio-professionnelle, etc. Quel est ce tirage au sort dans lequel les résultats sont a priori orientés ? Comment ne pas croire que ces critères donneront lieu à des nominations arrangeantes pour le gouvernement. Faut-il comprendre que même le hasard serait « complotiste » ? Ce même hasard du tirage au sort qui avait d’ailleurs, rappelons-le, permis à la Macronie de faire sortir du chapeau un Daniel Cohn-Bendit et le caser dans sa Convention citoyenne sur le climat.

Et tout ça pour quoi ? On sait trop bien ce qu’Emmanuel Macron fait de ces comités et de ces pseudo-instances représentatives. Les précédents du Grand Débat national et de la Convention citoyenne suffisent à indiquer tout le crédit qui devrait être accordé aux recommandations que ce comité de suivi de la vaccination pourra formuler : celles allant dans le sens de ce qui est déjà mis en place par le gouvernement seront mises en avant, et la concordance avec l’action gouvernementale sera vantée. Le reste sera jugé inapplicable et écarté au nom du pragmatisme. Quoi qu’il en soit, conformément à la méthode Macron, l’opération de communication aura bien eu lieu et cela comptera, pour le gouvernement, comme un succès.

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Nous en avons assez de la manière dont ce gouvernement camoufle non pas son incompétence mais son tropisme totalitaire. Nous n’attendons pas de lui la disruption, la créativité ni quoi que ce soit de ce genre pour donner en pâture à l’attente de plus en plus agacée des Français d’avoir un président qui préside, un gouvernement qui gouverne, et un Parlement qui légifère et contrôle, dans le respect de leurs choix. Les institutions de la Vème République sont équilibrées mais à condition qu’on les respecte et qu’ainsi, chacun des acteurs de la vie publique puisse remplir son rôle. À commencer par le premier d’entre eux, en voie de disparition faute d’être considéré honnêtement : le citoyen électeur.

Jean-Frédéric Poisson

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