Bien aidée par les prises de parole gouvernementales, la polémique sur la tribune des généraux continue d’enfler, et le sondage d’opinion qui vient de paraître risque bien d’alimenter encore le tapage. Réalisé par Harris Interactive pour LCI auprès de 1 613 personnes, il révèle que 58% des Français « soutiennent les propos des militaires ». La médiatisation de cette tribune l’a fait largement connaître au sein de la population : 64% des Français interrogés en ont entendu parler et 38% voient précisément de quoi il s'agit. Plus intéressant encore, au-delà même du soutien à la geste des généraux, le constat qu’ils dressent est massivement partagé par la population française : 84% pensent que « la violence s’accroît de jour en jour », 86% considèrent que « dans certains quartiers, les lois de la République ne s’appliquent pas » et 73% estiment que le pays se délite. Enfin – et c’est sans aucun doute la donnée la plus édifiante – près d’un sondé sur deux (49%) se dit favorable à l’intervention de l’armée « sans qu’on ne lui en donne l’ordre ».
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Comme le laissait entendre le hashtag #soutienauxgénéraux qui a fleuri sur Twitter, les Français partagent donc massivement le constat de pourrissement du pays sur le plan sécuritaire et réclament un tour de vis. De fait, la question sécuritaire avec tout ce qu’elle implique (ordre, immigration, assimilation) a de grandes chances d’être la première dans la hiérarchie des problématiques pour la prochaine présidentielle, alors que les réactions du gouvernement prouvent son complet décalage avec la réalité du terrain et avec l’état de l’opinion. Ces chiffres ne sont pas sans rappeler un récent sondage sur l’électorat du Rassemblement national, montrant que ses opinions étaient partagées par près des 2/3 à 3/4 de la population française. Alors même qu’ils sont un sur deux à souhaiter une intervention militaire sans ordre – donc à être bien plus radical que ne l’est Marine Le Pen, seuls 35% des sondés considèrent pourtant qu’elle a eu raison d’inviter les militaires à la rejoindre, soit l’équivalent de son électorat du second tour. Indéniablement, elle continue de polariser l’opinion, volontiers contradictoire quand il s’agit de Marine Le Pen et rechignant encore à se ranger sous sa bannière. Elle n’en reste pas moins la grande gagnante de cette séquence politique, et la vulgate antifasciste mobilisée, presque burlesque, risque d’en pousser beaucoup à franchir le cap. [...]
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