Elles n’attendaient que ça : le stage Taylor Swift, le 29 juillet, avec cours de danse et atelier de fabrication de bracelets. À Southport, cité balnéaire de la côte Ouest de l’Angleterre, au Nord de Liverpool, l’activité estivale, proposée en matinée pour des fillettes de 6 à 12 ans, affichait complet. Vingt-cinq inscriptions.
Le jour dit, tandis que les fillettes dansent, un taxi s’arrête près du centre de loisir. En sort un garçon masqué. Il refuse de payer le chauffeur, part en courant puis erre quelques rues plus loin et, un peu avant midi, revient sur ses pas. Il entre dans le studio de danse armé d’un couteau de cuisine à lame recourbée et poignarde les fillettes l’une après l’autre. Deux d’entre elles meurent sur place. Dix enfants sont blessés dont huit grièvement. Deux adultes sont dans un état critique. C’est un carnage.
Les enfants ont été dispatchés dans trois hôpitaux de la région. Les témoignages affluent. Un passant a vu deux enfants blessés au sol ; il a pensé qu’ils avaient été renversés par une voiture dont l’aile était couverte de sang. En réalité, les enfants ensanglantés, en fuyant, étaient tombés contre le véhicule. Des petites filles avaient été poignardées à la nuque, dans le dos, à la poitrine.
La police a neutralisé l’attaquant sur les lieux de la tuerie. On apprend qu’il s’agit d’un garçon de dix-sept ans né à Cardiff. La presse rapporte les actes d’héroïsme de ceux qui se sont trouvés là. Les urgentistes étaient en larmes devant la férocité de l’attaque. Les animatrices du stage, toutes deux poignardées, dont une grièvement, ont réussi à mettre seize enfants à l’abri dans les toilettes. Un homme d’affaires dont les bureaux sont mitoyens, en entendant les cris, s’est précipité, a tenté de désarmer l’assaillant et a reçu un coup de couteau à la jambe. Un jeune laveur de carreaux qui passait par là en camionnette a porté secours à plusieurs enfants et aidé la police à localiser le tueur dans le centre de loisir.
Les Britanniques face à face
Horreur et stupeur. Le lendemain à l’aube, un troisième enfant meurt de ses blessures. Les fillettes tuées ont six, sept et neuf ans. La piste terroriste est écartée. Mais que s’est-il passé exactement ? Qui est ce « garçon de 17 ans né à Cardiff » ? Quelles sont ses motivations ?
Un tweet apporte des pistes : « Le suspect s’appelle Ali Al-Shakati. Ce serait un demandeur d’asile arrivé par bateau l’an dernier. Il était surveillé par le MI6. Si tout ça est vrai, ça va exploser. »
Tout ça est faux mais ça explose. Le tweet est vu par un million et demie de personnes. L’information est reprise. Des appels à manifester circulent sur les réseaux sociaux. Sur les affiches on lit « Trop c’est trop ! », « Sécurité pour nos enfants », « Mobilisation à Southport, 20h, le 30 juillet. » Dans l’après-midi, la population de Southport se réunit en silence devant la mairie. Mais à la nuit tombée l’atmosphère dégénère. Des gars mettent le feu à deux poubelles, lancent des briques et des bouteilles sur la mosquée locale, cassent les vitres d’une épicerie tenue par un Sri-Lankais.
Southport est une ville sans histoires de quatre-vingt-dix mille habitants dont mille musulmans. Le lendemain, les gens apporteront leur soutien à l’imam. Un vitrier va réparer gratuitement les fenêtres cassées de la mosquée. On offre des cafés aux policiers.
Mais le 31 juilllet, tout le pays s’embrase. À Hartlepool, des émeutiers (...)
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