Comment avez-vous appris la décision de fermeture de vos comptes bancaires, et quelles raisons vous ont été données ?
Les choses sont très claires. Nous avons été informés par notre banque que l’ensemble de nos comptes étaient fermés. Cette fermeture est intervenue sans aucun préavis, sans justification, et, comme la loi l’y autorise, sans aucun recours possible. Nous avons donc dû chercher d’autres établissements. Nous avons contacté huit banques françaises pour qu’elles acceptent d’ouvrir nos comptes. Je précise que cette banque nous hébergeait depuis douze ans, et que notre maison a toujours été solvable et sérieuse, tant financièrement que commercialement.
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Aucune explication ne nous a été communiquée. La décision a été prise au niveau régional. Mais ce qui nous frappe, c’est que cette injonction semble s’être étendue à l’ensemble des banques françaises. Nous en déduisons donc qu’il ne s’agit pas d’un simple acte bancaire, mais d’une décision politique. Nous avons saisi la Banque de France pour faire valoir nos droits. Elle nous a finalement trouvé un établissement, mais cela reste une solution provisoire…
Vous affirmez qu’il s’agit d’une décision politique…
Oui, et cela ne nous étonne guère. On assiste depuis quelques années à une pression croissante contre les associations patriotiques, même lorsqu’elles sont non violentes, comme Némésis. Ce processus a connu son paroxysme au Royaume-Uni en 2023, avec la fermeture du compte de Nigel Farage pour motif idéologique. Derrière ces décisions prétendument techniques, il y a en réalité une volonté politique assumée. C’est d’autant plus flagrant que le pouvoir exige aujourd’hui des réseaux sociaux qu’ils combattent activement la presse alternative. Il ne fait donc aucun doute à mes yeux que notre exclusion bancaire est une mesure de nature politique. C’est une opération qui pourrait nous être fatale : nous avons perdu des centaines de dons, car, durant plusieurs semaines, nos soutiens ne pouvaient plus nous aider. Or, nous vivons essentiellement grâce à ces dons. Beaucoup d’entre eux sont perdus, notamment parce que les donateurs doivent refaire toute leur procédure auprès d’une nouvelle banque – et celle-ci n’est même pas garantie dans le temps…
Qu’est-ce que cela révèle de notre époque, qui semble ne plus tolérer la contradiction ?
À mes yeux, deux choses. D’une part, une volonté manifeste de censure de la part d’un pouvoir politique qui impose une forme de totalitarisme soft. Ce pouvoir, enhardi par l’absence de réaction populaire, se croit tout permis. Nous en sommes des cibles désignées.
Mais d’autre part, on voit bien que ce même pouvoir est aux abois. Il emploie les méthodes les plus féroces contre ses adversaires. Il considère visiblement que notre chaîne est devenue une alternative trop puissante face aux médias traditionnels.
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C’est presque une forme de reconnaissance : à travers la censure, il admet notre influence. Mais c’est aussi l’aveu d’un pouvoir aux abois, qui dérive vers une démocratie confisquée, où les outils du droit sont utilisés pour faire taire les voix dissidentes.
Comment avez-vous réussi à rebondir malgré cette attaque ?
Pour l’heure, la Banque de France a obligé un établissement à nous ouvrir un compte. Mais cette solution reste fragile et temporaire. Il nous faut explorer toutes les alternatives possibles pour assurer la survie de TVL. Notre maison, ce sont une trentaine de salariés, une cinquantaine de collaborateurs, un million d’abonnés sur YouTube, un million et demi sur les réseaux sociaux, et plus de huit millions et demi de vues mensuelles. Autrement dit, une petite épine dans le pied du pouvoir. Mais visiblement, une épine qui fait mal.