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Avec l’éclatement de la famille, la crise de la transmission et la liquéfaction des valeurs, nombre de nos contemporains ont perdu leurs repères. Mais une startup a trouvé la solution: MasterRent®. L’offre est décoiffante : « Louez un maître à la semaine, et apprenez à (re)diriger votre vie. »
Nathan Valentin a tout juste 34 ans. Il mesure 2 mètres pour 190 kg. Il a les cheveux longs, bouclés, fins et graisseux, avec une raie sur le milieu. C’est lui, le CEO de MasterRent®, l’entreprise qui a fait la Une du Financial Time il y a tout juste un an et qui pèse aujourd’hui 350 millions d’euros. Il nous attend à la terrasse du Soupeur, un restaurant chic du XIe arrondissement. La figure est atypique dans le milieu si policé des affaires : sous son tee-shirt bleu et maculé de morceaux de croissant (ou peut-être est-ce du pain au raisin?), son ventre déborde sur la table. Quand il se lève, son pantalon de golf, énorme, ressemble à une montgolfière qui s’envole.
Le secret de la réussite
« Je suis gros et j’emmerde le monde ! », nous dit-il entre deux rots retentissants. Depuis la table d’à côté, une blonde en tailleur Chanel nous jette un regard horrifié.
Puis, affable, il lance : « Excusez-moi d’ailleurs, je viens de me lever, je finis tout juste mon petit-déjeuner ». Il est pourtant 13 h 00 et nous sommes mardi. « Choisissez ce que vous voulez, moi je prends des huîtres », ajoute-t-il, grand prince. Devant notre étonnement, il ajoute : « L’idée que l’avenir appartient aux gens qui se lèvent tôt est la plus grande supercherie du XXIe siècle ».
« C’est aussi bête que de croire qu’on devient riche en travaillant » – à ces mots, notre homme hurle de rire, si fort, qu’un chien se met à aboyer dans la rue. « Moi j’ai levé 5 millions d’euros en jouant du pipeau, et depuis, je fais travailler les autres. Rien n’est plus obéissant et obséquieux qu’une personne diplômée. Parce que la plupart des gens n’ont au fond qu’un seul instinct: obéir », soutient notre amphitryon.
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Il poursuit : « Les self-made-men qui vous racontent avec des larmes de crocodile leurs débuts “dans leur première quincaillerie” méritent d’être euthanasiés, séance tenante. On aurait rossé ces messieurs Homais sous l’Ancien régime. Moi, je suis un patron de droit divin, et comme tous les grands patrons, ma vie consiste à houspiller mes salariés et à déjeuner avec des gens aussi gros que moi ».
Un modèle dans la vie
Nous voulons en savoir davantage sur MasterRent®. « C’est très simple. Des gens louent sur notre plateforme une personne de leur choix, pour les accompagner, nuit et jour, dans leur quotidien Il y a des punks à chien repentis qui louent un vieux général à la retraite pour apprendre à faire leur lit. Des jeunes filles dépensières qui cherchent un banquier. Des célibataires endurcis qui veulent apprendre auprès d’un Dom Juan. Des employés masochistes, qui, non contents de se faire exploiter au bureau, veulent à tout prix qu’un patron abusif vienne les fouetter à domicile et soumettre leur intimité à des “indicateurs de vie” ».
« Il n’existe que deux types de personne. Des chiens qui cherchent un maître. Et des maîtres qui cherchent des chiens. » Nathan Valentin
Il y a aussi « ceux qui veulent un coach pour maigrir. Des pères de famille qui courent après un papy gâteau. Des vieilles tartes qui veulent apprendre à écrire. Des névrosés qui veulent un psychiatre. Il y a de tout, et chacun y trouve son compte. Le client n’est pas obligé de passer à la télé pour apprendre à se moucher, et nos VIP font des ménages, comme on dit chez vous, en toute discrétion. »
Des erreurs de livraison peuvent survenir : « Une fois, nous avons interchangé deux commandes. Au lieu d’envoyer Caroline Fourest chez des bobos qui voulaient élever leurs enfants selon une philosophie non-genrée, un stagiaire leur a envoyé une matrone, façon vieille école. Quand les parents sont rentrés du club Méd’, leurs filles portaient des robes à smocks et s’excusaient avant de tousser »
À quel genre de VIP fait-il appel ? « Il y a de la demande pour tout le monde. Du prince du Lichtenstein au sosie de Johnny Hallyday. Il n’y a guère que Laurent Joffrin qu’on n’arrive pas à refourguer aux aveugles ».
Une matrone chez les bohèmes
À quoi attribue-t-il le succès de MasterRent®? « Lacan avait raison, malgré son charabia de proctologue finlandais. Les révolutionnaires de 68 cherchaient un maître. Idem pour leurs petitsenfants. Car il n’existe que deux types de personnes dans la vie. Des chiens qui cherchent un maître. Et des maîtres qui cherchent des chiens. Le reste n’est que ruse de carnassier. »
De plus, estime Nathan Valentin, « L’éducation familiale est le seul secteur à ne pas être encore “disrupté”. Jusqu’à nous, il existait encore un monopole de parentèle sur les modèles d’éducation. La transmission était endogame. Or l’éducation familiale détermine très largement nos trajectoires de vie. Bourdieu peut mourir tranquille: aujourd’hui, Avec MasterRent®, l’inégalité des capitaux culturels est corrigée, et chacun peut devenir un héritier. »
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Mais au fait, lui-même, comment en est-il arrivé-là ? « J’étais doctorant en histoire et en philosophie et j’ai pu mesurer à quel point notre société de demi-habiles était régressive. Après mes deux soutenances, je suis parti vivre 3 ans chez les Mashco-Piro, en Amazonie. C’est durant ce voyage que j’ai eu une révélation : les salariés sont des Indiens et les entrepreneurs, des conquistadors. »
Quels sont les futurs projets de notre Pizarro 3.0 ? « Nous lançons prochainement un parc mémoriel et politiquement correct inédit, dans lequel les visiteurs entreront en immersion durant plusieurs jours. Des validistes sur des fauteuils roulants, des blancs dans un village néocolonial aux mains de la diversité, des spécistes dans un zoo, des gens dans un village de nains. Le tout afin de sensibiliser chacun sur ses privilèges – et de me rapporter un milliard d’euros »
Le Puy des Fous, en quelque sorte. (à suivre…)
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