Quel est le sens profond du premier roman de Gilbert K. Chesterton The Man who was Thursday, paru en 1908 ? Personne ne peut le dire avec certitude, et c’est précisément ce qui le rend si intéressant à lire et relire. On le connaissait jusqu’à présent en français dans la traduction de Jean Florence, parue dès 1911 à la NRF sous le titre Le nommé Jeudi – traduction disponible dans l’édition la plus courante, celle de la collection « L’Imaginaire » chez Gallimard, avec l’impénétrable préface de Pierre Klossowski. Le livre a toujours rencontré un large succès chez nous, où il compte parmi les œuvres de Chesterton les plus connues ; il a même eu les honneurs d’une adaptation radiophonique sur France Culture en 1983, par Claude-Roland Manuel, avec Pierre Arditi, Julien Guiomar et Gérard Desarthe.
Comme toutes les traductions, celle de Jean Florence avait peut-être vieilli ; au bout d’un siècle, il n’était pas inutile de se repencher sur le texte original. C’est ce qu’a fait Marie Berne, une admiratrice de G.K.C., après avoir lu le livre en anglais lors d’un séjour à Londres, et n’avoir pas retrouvé le même enchantement dans la version française, entachée de certaines erreurs qu’elle évoque dans sa préface, sorte de mode d’emploi de son approche. Les anglicistes et les spécialistes d’études chestertoniennes débattront de la plus grande fidélité de sa version, et de ses choix de traduction (jusqu’au titre, Le nommé Jeudi devenant L’homme qu’on appelait Jeudi) ; les amateurs, eux, se réjouissent de redécouvrir ce roman obscur et palpitant, considéré par Borges comme un chef-d’œuvre. [...]
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