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Syrie : un manque de culture du dialogue à droite ?

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20 avril 2018

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L’Incorrect s’est donné pour vocation d’empêcher la droite de penser en rond, dans le confort ouaté d’un entre soi stérile et mortifère qui ne conduit qu’aux déceptions électorales, aux défaites. Une mission difficile mais indispensable, sinon vitale, comme en témoigne la polémique absurde et disproportionnée des derniers jours autour du conflit syrien.

Un rappel succinct des faits s’impose. Vendredi dernier, la coalition occidentale réunissant les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni a visé des intérêts du gouvernement syrien, ne provoquant que des dégâts matériels limités. Une frappe avant tout symbolique destinée à rétablir l’équilibre des forces entre des belligérants qui veulent tous que la paix succède enfin à la guerre dans cette région meurtrie par sept années d’un terrible conflit. Ni les Etats-Unis, ni la France, ni le Royaume-Uni, ni la Russie, ni l’Iran, ni la Syrie n’ont intérêt à ce que cette guerre se poursuive. Nul besoin, ici, de revenir sur les détails de cette opération militaire complexe, dont les faits ne nous sont connus qu’au travers des filtres déformants de la désinformation des deux camps en présence (l’un jouant très habilement du doute qu’engendrent nos sociétés contemporaines, surinformées mais souvent mal informées), tant nous les avons abordés dans nos colonnes, en essayant de présenter une diversité de points de vue rare dans les médias français. Malheureusement, cette diversité d’opinion qui devrait être perçue comme une richesse dans notre famille de pensée, plus attachée à la liberté qu’à la censure, n’a pas manqué de susciter des réactions négatives, parfois extrêmement grossières et caricaturales. Pour un tweet somme toute anodin, dans son style très vif et très franc (au moins avance-t-il toujours à visage découvert), notre ami Jacques de Guillebon s’est vu traiter de tous les noms par une foule masquée d’internautes anonymes : « candaule » (en passe de devenir l’expression la plus agaçante d’une « fachosphère » de plus en plus auto-référencée), traître, vendu, etc.

 

Pour un tweet somme toute anodin, dans son style très vif et très franc (au moins avance-t-il toujours à visage découvert), notre ami Jacques de Guillebon s’est vu traiter de tous les noms par une foule masquée d’internautes anonymes

 

Moi-même, pour avoir timidement défendu l’opération militaire française, ou, au moins, ne pas l’avoir condamnée en bloc en annonçant le début de la troisième guerre mondiale, ai été soupçonné par un proche de Florian Philippot, l’élu régional Sylvain Marcelli, d’être le propagandiste d’intérêts étrangers, c’est-à-dire de ceux des « néo-conservateurs » américains qui utiliseraient Marion Maréchal Le Pen comme cheval de Troie dans la droite française ! Des accusations diffamatoires et délirantes, relevant plus de la névrose paranoïaque que de la politique au sens noble du terme. Voilà qui fait d’ailleurs tache pour une formation qui s’est pourtant fait fort de se distinguer des travers les plus pénibles de l’« extrême droite ». Mais peut-être ne sont-ce que des apparences. Bref, passons. Dans le même temps, un garçon comme Pierre Sautarel (FdeSouche) montrait son indépendance d’esprit, prouvant une fois de plus sa capacité au dialogue et son sens consommé de l’autodérision.

 

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Pourquoi devrions-nous, sous prétexte qu’il faille taper comme des sourds sur l’exécutif Macron, nous mettre en rang, le petit doigt sur la couture du pantalon, en condamnant automatiquement dans un unanimisme tout ce qu’il y a de plus soviétique toutes les opérations militaires occidentales en Syrie ? Y-a-t-il un non dit, un impensé de la droite française qui la pousse à adopter une seule lecture des relations internationales, et pire, à faire de ces questions son champ de bataille préféré, son moyen de discriminer les « purs » et les « impurs » ? Laissons ça au Média mélenchonien, à la Pravda des sectaires d’extrême gauche ! Chez eux, on vire pour pensée non conforme. Pas chez nous. Un média n’est pas une secte, mais un relais d’information. Bien sûr, nous avons une ligne, mais elle n’est pas rigide, figée, doctrinale. Il s’agit d’abord d’une conduite, d’une éthique : faire le plus honnêtement possible notre travail d’information et d’analyse. Nous n’allons pas nous couler dans un moule en refusant d’aborder certains sujets tabous dans le seul but de plaire à quelques trolls et quelques lobbyistes patentés. Jamais.

 

Y-a-t-il un non dit, un impensé de la droite française qui la pousse à adopter une seule lecture des relations internationales, et pire, à faire de ces questions son champ de bataille préféré, son moyen de discriminer les « purs » et les « impurs » ?

 

Las, le mal était fait, ce triste spectacle ayant été complaisamment relayé dans la presse, par exemple dans le Huff Post qui a vu un « schisme » dans ce qui n’était, au fond, qu’un désaccord amical. Du reste, les arguments des spécialistes opposés ou favorables aux frappes qui ont participé au débat sur L’Incorrect sont tous grandement dignes d’intérêt, résonnant d’accents de sincérité qui ne peuvent que nous interroger. Il faut toujours tenter de penser contre soi-même. Hadrien Desuin, Aristide Leucate ou Laurent Gayard ont publié sur L’Incorrect des textes engagés, où se devinaient, en dépit de leurs divergences, un amour sincère et profond pour la France. Tous ces auteurs ont le même objectif : que les intérêts de la France, à court et long terme, soient préservés au mieux. Ils ne se différencient que par la lecture qu’ils ont des évènements ; les uns croyant les frappes préjudiciables à la position française au Moyen-Orient ; les autres les jugeant nécessaires ou utiles.

 

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Cette confrontation saine d’analyses devrait-elle se doubler d’une guerre picrocholine qui n’intéresse strictement personne sous nos latitudes, en dehors d’un petit cercle de plus en plus consanguin ? À l’évidence, nous ne tiendrons pas le même discours à l’endroit des personnalités qui semblent vivre par et pour ces évènements dramatiques, pris de convulsions hystériques dès que le chaos se fait jour hors de nos frontières, à l’exemple d’un Bernard-Henri Lévy désormais totalement transformé en Rossignol des Carnages. Lui ne semble jamais pleinement satisfait. Il ne se contentera pas du fait que la France fasse le maximum pour le peuple syrien et sa place dans la région. Le philosophe à la chemise blanche arpente donc les plateaux de télévision dans l’unique dessein de renverser, dès que cela est possible, des Etats qui lui déplaisent. Faudrait-il pour autant substituer au manichéisme messianique d’un Bernard-Henri Lévy un manichéisme cynique en forme de miroir inversé ? Car, à l’identique, de l’autre côté du spectre, se trouvent des personnes, y compris des élus de la nation, qui se réjouissent des succès de l’armée russe face à notre propre armée, qui prétendent fallacieusement que la France n’a jamais lutté contre le terrorisme islamiste, ou qui font de Bachar El Assad un saint incapable d’attenter à son peuple.

 

Notre parti est la France, peu importe le régime. De fait, nous n’accepterons pas d’être accusés de servir des intérêts étrangers par ceux-là mêmes qui ont parfois troqué l’honneur pour une allégeance extra-française.

 

Oui, cet homme a combattu l’Etat islamique, l’a vaincu pour l’essentiel, a même fait preuve d’un grand courage, mais cela ne devrait pas nous interdire de comprendre ses travers, ni de fixer des limites bénéfiques. C’est-à-dire de tendre à l’objectivité. Pour autant, ceux qui l’admirent honnêtement en ont le droit le plus légitime. Qui pourrait donc les juger ? Pas moi. Notre monde est complexe, traversé de drames innommables. Et bien malin celui qui peut affirmer être absolument certain de connaître la solution miracle qui permettra de pacifier durablement le Moyen-Orient. Aujourd’hui nul ne le sait. En revanche, il est évident que nous, Français, devrions garder à l’esprit que notre force principale reste notre capacité à l’examen critique, à la subtilité. C’est à ce prix seulement que nous pourrons retrouver notre grandeur et notre honneur ; pas en s’agenouillant devant des maîtres de circonstances ou des fantasmes, pas en qualifiant notre gouvernement de criminel. Notre parti est la France, peu importe le régime. De fait, nous n’accepterons pas d’être accusés de servir des intérêts étrangers par ceux-là mêmes qui ont parfois troqué l’honneur pour une allégeance extra-française.

 

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