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La Demeure des Hommes, premier essai de Paul-François Schira

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Publié le

27 mars 2019

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C’est un grand mérite des éditions Tallandier d’approfondir la pensée politique conservatrice et chrétienne à travers sa collection d’essais.

 

Le premier essai de Paul-François Schira, La Demeure des Hommes, se place dans cette démarche et intéressera le lecteur grâce à une ambition parfaitement résumée par François-Xavier Bellamy en préface : « En réalité, l’individualisme a fondé un nouveau monde, proprement inhumain, dévasté et dévastateur ».

 

Lire aussi : L’éditorial de Jacques de Guillebon : Fragments de France

 

En prenant ce livre au sérieux, nous ne pouvons que partager une grande partie de la démonstration. Oui nous voyons bien la mutilation de l’Homme et de la Cité par « une nouvelle forme d’universalisme par la reductio ad singulum ».

Oui, nous voyons bien que la forme politique contemporaine est prise en étau entre les terribles souvenirs des totalitarismes et les injonctions permanentes de l’individualisme. Oui, le discrédit jeté par principe aux finalités communes qui pourraient animer le corps social est une des grandes causes de l’anomie affligeant notre société.

 

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De tout cela, nous ne pouvons que convenir, avec une unique réserve, celle du déjà-vu. Chez les chrétiens et les conservateurs, cette critique est actée, intégrée à la critique du monde contemporain. Les nouveaux chemins politiques sont plutôt à trouver dans la volonté de s’extirper de cette équation.

Paul-François Schira n’est pas lâche et propose sa voie : une politique de l’enracinement qui sonne bien, un peu trop sans doute, pour convenir au temps présent.

 

J’espère que notre auteur sait bien que la montée du salafisme n’est pas d’abord la conséquence d’ une recherche de sens mais la conséquence de la présence massive de musulmans sur le territoire national. Un truisme statistique.

 

Tout pêche certainement dans la manière dont l’auteur énonce les problématiques. Ainsi quand il écrit : « que manque-t-il aux démocraties libérales pour faire face au terrorisme islamiste, à la montée en puissance des extrêmes politiciennes ? La capacité à nouer leurs membres. », il commet plusieurs erreurs dirimantes.

Il renvoie d’abord, et c’est constant dans l’ouvrage, islamistes et salafistes dos à dos avec des groupes politiques qui leur préexistaient largement, il évacue la question des membres du corps social et de ceux qui n’en sont pas, il laisse complétement vierge la nature des finalités communes qui pourraient permettre les liens entre les membres.

 

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Publiée par L'Incorrect sur Jeudi 14 mars 2019

 

Or, si périlleuses soient-elles, ces questions sont cruciales dans le débat contemporain. J’espère que notre auteur sait bien que la montée du salafisme n’est pas d’abord la conséquence d’ une recherche de sens mais la conséquence de la présence massive de musulmans sur le territoire national. Un truisme statistique. La Demeure des Hommes sous-entend trop souvent que le règne du marché, le repli sur soi, seraient la cause du succès des islamismes. Or, il manque là une question fondamentale de toute politique nationale. « Avec qui ? » formons-nous la communauté politique ? Comment établir des critères suffisamment larges pour éviter le racisme, social ou ethnique, et suffisamment prudent pour ne pas construire de simples fictions juridiques ? Comment considérer autrement que sous l’angle des discriminations la volonté marquée d’une partie du corps social de ne pas participer à la sociabilisation d’une autre partie ?

L’auteur répondrait certainement qu’il vise cette aporie contemporaine-si sensible dans le refus de poser en vérité la question de la nationalité- dans son bel appel à une politique d’enracinement. L’enracinement est une belle vertu personnelle et civique. Mais c’est aussi une démarche ambivalente. Il est des enracinements qui ne seront jamais qu’artifices comme il est des vies enracinées qui ne seront jamais conscientes. Dans plein de coins de France, la « politique d’enracinement » est héritée, transmise et vécue sans appareillage complexe. Nous ne savons toujours pas, en somme, si l’appel à l’enracinement n’est pas la médecine proposée à une fraction sociale qui évoque le choc des incultures pour décrire la violence des villes mais ne sait plus vraiment ou elle trouverait ses dieux lares.

D’ailleurs, comment rendre cet enracinement possible ? A vouloir « qu’il n’y ait pas de dessein réfléchi, de méchant identifiable », ne verse-t-on pas dans l’irénisme ? Si le politique fonctionnait vraiment comme « une conversation démocratique », comme une assimilation d’une démarche d’échange honnête autour de la vie bonne, la France existerait elle ? Dans sa conclusion, Paul-François Schira nous dit : « La fraternité ne se décrète pas. Elle est le fruit d’une action commune. Elle n’est pas abstraite. Elle est située. » C’est cette situation, concrète et incarnée, de la France qui manque encore à la réflexion et la sortie d’une certain naïveté qui veut tout panser à travers un principe fraternité.  Une situation qui demande certainement une philosophie politique provisoire, moins idéale que les soubassements du livre de Paul-François Schira, mais certainement plus conforme au réel.

 

Charles de Meyer

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