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La catastrophe nucléaire de Tchernobyl avait placé Mikhaïl Gorbatchev, premier secrétaire du Parti Communiste de l’Union Soviétique face à une responsabilité d’abord envers son peuple mais rapidement envers la planète entière. La République Populaire de Chine, épicentre d’une pandémie de coronavirus, voit aujourd’hui sa responsabilité engagée dans le développement de cette menace pour la vie humaine.
Il est à cet égard frappant de constater les similitudes dans le développement de ces deux crises. Dans les deux cas, la tragédie survient au sein d’un régime totalitaire, qui cherche à contrôler la pensée de son peuple sur lequel le Parti communiste et sa hiérarchie ont tout pouvoir. Dans les deux cas, l’autoritarisme du régime et la crainte qu’il suscite font qu’à tous les échelons d’une chaîne de commandement, l’information met du temps à remonter au plus haut niveau par la peur de sanctions provenant de la hiérarchie. Les autorités chinoises de Wuhan ont mis plusieurs semaines qui sont devenues des mois de retard avant de faire remonter l’intégralité des informations dont elles disposaient à Pékin, de même que Moscou a mis un long moment avant de disposer de toutes les informations décrivant la réalité de l’ampleur de l’accident de Tchernobyl. La mort du docteur Li Wenliang qui avait alerté de la gravité de la crise trois semaines avant la réaction officielle de Pékin, qui avait été ensuite arrêté par les autorités avant d’être relâché et finalement de décéder car contaminé, illustre bien les failles que le régime chinois recèle au cœur de son autoritarisme. Les précieuses semaines perdues sont dès lors irrattrapables et les réactions à mettre en œuvre à ce niveau de développement de la crise sont inévitablement de grande ampleur. Le confinement des 53 millions d’habitants de la région de Wuhan en montre toute la mesure.
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Donald Trump avait loué le régime chinois début janvier pour la clarté dont il faisait preuve sur le développement de cette crise. Il apparaît qu’en réalité, la communication à l’extérieur de la part de la Chine a été fort tardive et n’a été mise en œuvre que lorsque les autorités chinoises ont réalisé l’ampleur de ce phénomène et le risque de propagation planétaire. À Tchernobyl, il avait fallu attendre que les satellites américains révèlent les dégâts matériels pour que l’URSS admette la réalité de l’accident. Si la Chine se montre désormais aussi transparente c’est surtout par absence de choix.
À Tchernobyl, il avait fallu attendre que les satellites américains révèlent les dégâts matériels pour que l’URSS admette la réalité de l’accident.
Il est bien plus probable en effet qu’un vaccin contre le coronavirus puisse être trouvé dans un laboratoire américain, français ou australien que dans les seuls laboratoires chinois qui travailleraient en circuit fermé. La mise en quarantaine et la compartimentation étant des mesures intrinsèques de la lutte contre une épidémie il apparaît également indispensable de travailler avec les gouvernements étrangers afin d’assurer le contrôle des flux de population. À cet égard, les idéologues « no border » occidentaux vont brutalement constater la nécessité d’un retour aux frontières face à la menace d’une pandémie mondiale.
De même, si les causes des catastrophes ukrainiennes et chinoises sont très différentes, les deux cas comportent des similitudes. À Tchernobyl, c’était un réacteur nucléaire défectueux (réacteur RMBK) qui pourtant était construit et employé en masse dans toute l’URSS alors même que sa conception était défaillante. En Chine, pays qui se targuait d’une croissance économique effrénée, d’une mise à niveau de son modèle de développement aux standards occidentaux, ces avancées masquent une autre réalité, c’est-à-dire un manque d’hygiène et de salubrité réels. Derrière la vitrine des gigantesques aéroports internationaux des grandes villes côtières existent aussi des marchés aux animaux qui sont tués et cuisinés sur place alors même qu’ils portent des maladies. L’histoire dira si c’est effectivement une chauve-souris porteuse de maladie qui a été consommée par un client d’un marché de Wuhan qui aura été la cause de cette épidémie de coronavirus mais de la même façon que les normes de construction nucléaire n’avaient pas été respectées en URSS, le non-respect de normes hygiéniques élémentaires semble être la cause première du drame en cours.
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Cependant, l’autre face des régimes autoritaires se révèle également face aux crises lorsque leurs dirigeants prennent les choses en main efficacement. Mikhaïl Gorbatchev, une fois l’intégralité des informations en main, avait su engager l’ensemble des ressources humaines et matérielles que l’URSS pouvait déployer et les travaux de confinement réalisés autour du cœur nucléaire de Tchernobyl en quelques mois, les déplacements massifs de population autour de la zone du Prypiat comme la condamnation définitive de territoires entiers, furent un modèle de réaction appropriée à l’ampleur de la catastrophe.
Les médecins de Wuhan et de toute la Chine continentale sont actuellement à la place des ces liquidateurs soviétiques d’il y a 34 ans.
Or le confinement de dizaines de millions de chinois, la décontamination enclenchée dans les villes de la province du Hubei, la construction en urgence d’hôpitaux de campagnes de plus de mille lits, peuvent apparaître comme des mesures de même ampleur, appropriées à la hauteur de la menace. Les médecins de Wuhan et de toute la Chine continentale sont actuellement à la place des ces liquidateurs soviétiques d’il y a 34 ans. Et Xi Jinping, chef tout puissant de la Chine communiste d’aujourd’hui se retrouve à la place de Mikhaïl Gorbatchev à la fin du siècle dernier. Une victoire rapide contre le développement d’une pandémie menaçant de provoquer une hécatombe à l’échelle mondiale le poussera-t-il à engager la Perestroïka ?
Romain Sens
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