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Nicolas Lecaussin dirige l’IREF (Institut de recherches économiques et fiscales), « think tank libéral et européen » fondé en 2002. Grand contempteur du rôle de l’État en France, il vient de publier Les donneurs de leçons (Pourquoi la France est en vrac !) au Rocher, où il s’attaque aux intellectuels de gauche, aux journalistes de l’établissement et aux hauts-fonctionnaires. La crise du coronavirus, ses conséquences et la réaction de l’État sont l’occasion de lui donner la parole.
En tant que directeur de l’Iref, vous dénoncez évidemment dans votre livre, Les donneurs de leçons, le poids certain de l’État dans l’économie française. En période de coronavirus, n’est-on pas heureux pourtant de posséder un État fort, capable de prendre des décisions sanitaires autant qu’économiques pour résister à la crise ?
Concernant le virus, il faut d’abord remarquer qu’il est parti d’un pays – la Chine – doté d’un État très fort, en réalité une dictature communiste, non seulement incapable de maîtriser sa propagation, mais aussi coupable d’avoir sous-estimé sa dangerosité, d’avoir menti et truqué les chiffres des victimes et des cas dangereux. La Chine n’est d’ailleurs pas à son premier virus… La réaction de la Chine rappelle celle de l’URSS lors du drame meurtrier de Tchernobyl. On peut ajouter que des pays incomparablement plus libéraux que la Chine, comme la Corée du Sud et le Taïwan, pourtant limitrophes, ont réussi à bien maîtriser l’épidémie.
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Concernant la France où l’État est très fort, on peut se demander à quoi a servi le principe de précaution qui figure dans la Constitution. Il n’a nullement empêché l’épidémie… Ce n’est pas l’État fort qui résiste à la crise, c’est l’État efficace qui s’appuie sur les laboratoires pharmaceutiques capables de trouver les médicaments et les vaccins pour combattre le virus, comme nous ont montré les expériences du passé. On peut rappeler aussi que le scandale tragique du sang contaminé a été bien provoqué par l’État et le monopole de la sécurité sociale et que la légionellose sévit bien dans nos hôpitaux publics.
Vous prônez le libéralisme économique. Mais dans quel pays le voit-on fonctionner aujourd’hui et quels sont ses avantages ?
Tous les pays riches et démocratiques ont mis en place, à des différents degrés, des mesures libérales économiques. Il n’existe pas de pays libéral parfait, mais même un lycéen peut remarquer que les pays les plus riches (le niveau le plus élevé) au monde sont des pays plutôt libéraux : Suisse, Singapour, Hong Kong (avant la rétrocession chinoise), Pays-Bas, Allemagne, États-Unis… Et aussi que les pays les plus pauvres sont les pays où l’État est omnipotent, autant au niveau sociétal qu’économique : Corée du Nord, Cuba, la plupart des pays africains, etc. On peut donner aussi l’exemple d’un très grand pays comme la Russie avec un autocrate à sa tête, Poutine, et un État qui contrôle tout, y compris une économie basée sur les ressources naturelles. Pourtant, le revenu moyen des Russes est en-dessous du revenu des Polonais ou des Hongrois et leur espérance de vie n’atteint même pas celui de l’Occident dans les années 1970.
Malgré des dizaines de milliards d’euros dépensés pour lutter contre le chômage, nous avons l’un des taux les plus élevés parmi les pays membres de l’OCDE. Et cela depuis le début des années 1980 !
En France, il existe un État-providence qui phagocyte plus de 50 % de la richesse produite par le pays, et bat les records mondiaux de prélèvements obligatoires, de dépenses publiques et du nombre de fonctionnaires. Pourtant, on est loin d’être parmi les plus riches au monde. La France a trois millions de fonctionnaires de plus que l’Allemagne (par rapport à la population) et dépense en moyenne plus de 140 Mds d’euros par an pour son État. Est-on mieux en France qu’en Allemagne ? L’école française a-t-elle de meilleurs résultats ? Le système de santé est-il meilleur ? On pourrait d’ailleurs faire la comparaison avec les Pays-Bas ou la Suisse où les dépenses publiques sont encore moins élevées et où le libéralisme économique est encore plus présent, y compris dans le domaine de la santé. Malgré des dizaines de milliards d’euros dépensés pour lutter contre le chômage, nous avons l’un des taux les plus élevés parmi les pays membres de l’OCDE. Et cela depuis le début des années 1980 !
Ne craignez-vous pas qu’un libéralisme économique, sans frontières, sans protection, n’entraîne une anomie sociale ? N’y a-t-il pas des choses à conserver, à préserver du marché ? Et si oui, lesquelles ?
Le libéralisme économique repose sur un État qui accomplit ses missions régaliennes et sur le contrat. L’individu doit jouer un rôle essentiel, non pas les corporations ou les communautés. C’est l’individu qui est à l’origine de l’innovation, c’est grâce à lui qu’existe internet aujourd’hui. L’État français par exemple, s’est complètement trompé en soutenant le Minitel ou le plan Calcul.
On peut rajouter que les problèmes d’immigration et dans les banlieues (pourtant arrosées avec des milliards d’euros tous les ans) sont dus à l’État providence et non pas au libéralisme économique qui est incompatible avec les politiques des redistribution aveugles qui ont donné les résultats que l’on connaît. Plus encore, l’État français est incapable d’assurer l’ordre non seulement dans les banlieues à problème (où il a d’ailleurs perdu le contrôle) mais en plein centre de Paris, comme on l’a vu avec les destructions faites par les bandes de jeunes, la plupart d’extrême gauche. Sans oublier les grèves planifiées par des syndicats biberonnés à l’argent public et qui défendent les privilèges de ceux qui travaillent pour l’État et les entreprises publiques. Non, c’est bien l’Etat omniscient et impuissant à la fois qui est notre ennemi, pas le libéralisme économique qui est bien loin d’un pays comme la France.
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À l’IREF, nous proposons de faire confiance aux Français et en leur capacité de choisir. C’est en les rendant responsables qu’on peut améliorer les choses, non pas en leur disant ce qu’ils doivent faire ou manger. Laissons-les choisir en encourageant la concurrence, comme on l’a fait avec les télécommunications ou le transport aérien dont la libéralisation profite à tous, pauvres ou riches.
Propos recueillis par Jacques de Guillebon
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