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Pierre de Lauzun : « c’est l’endettement qui transforme les crises en crises systémiques »

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Publié le

13 mars 2020

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Ancien banquier et écrivain, Pierre de Lauzun estime que la crise actuelle peut être jugulée si les banques centrales prennent les décisions qui s’imposent. Il appelle de ses vœux une stratégie publique visant à reterritorialiser une partie des productions.

 

Que pensez-vous de la mesure prise par Christine Lagarde de ne pas baisser les taux directeurs de la BCE ? A-t-elle raison ?

 

L’alchimie de la BCE est complexe et Christine Lagarde ne peut tout décider seule. Sur le fond la BCE a manifestement voulu garder une marge de manœuvre et envoyer un message au Etats membres de faire un effort budgétaire. Il est vrai aussi que ses taux sont autour de 0 et donc bien plus bas que les taux américains ; les US étant revenus plus tôt à une situation plus normale, alors que l’Europe est encore sous perfusion 12 ans après la crise. Les US ont bien des défauts mais sur une crise financière, ils réagissent vite et fort, ce qui est la bonne méthode du fait que la psychologie est clef. On peut penser que là aussi il aurait mieux valu envoyer un signal plus tranché en baissant. Cela n’empêchait pas de faire un sermon aux Etats en parallèle.

 

Qu’elle est l’ampleur de la crise actuelle ? Va-t-on vers une nouvelle crise de 1929 ? Que faut-il faire ?

 

Il y a bien des facteurs structurels de déséquilibre depuis longtemps, notamment un endettement démentiel qui n’a cessé de croître et ne s’excuse donc pas par la crise précédente. Or c’est l’endettement qui transforme les crises en crises systémiques, du fait qu’il crée un effet domino entre les acteurs. La baisse de la Bourse en soi n’est pas un problème majeur, tant que les achats d’actions n’ont pas été faits à crédit. Cela dit, pour une fois la crise ne vient pas de la sphère financière.

 

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Il y aura évidemment contraction forte de l’activité pour des raisons mécaniques, ce qui veut dire pour le système financier des créances détériorées, avec un risque de pertes. Mais tant que cela reste tolérable, et surtout qu’une panique ne s’installe pas, la crise financière peut rester contenue. Si elle devait déraper, ce qui est possible, les banques centrales ne réagiraient pas comme en 29 et inonderaient encore plus le marché de liquidités. Le risque alors est que cela finisse par miner la confiance dans la monnaie, débouchant sur une inflation brutale qui paraissait avoir disparu.  Que faire ? A court terme, ce que font les banques centrales est plutôt judicieux ; le problème est après : il faudra agir structurellement, notamment sur l’endettement. Mais cela suppose des réformes en profondeur de la dépense publique.

 

 

Ne serait-ce pas le moment de revenir sur les dérives d’un capitalisme financier devenu fou à force de rechercher à tout prix la rentabilité ?

 

Ces dérives existent bien sûr et réclameraient une action énergique, notamment pour limiter les effets de levier, donc l’endettement, et favoriser la détention des actions sur la durée, dans le cadre d’un investissement socialement responsable. Mais en l’espèce ce n’est pas le problème qui est posé par cette crise ; c’est bien plus comme bien des gens le font remarquer celui d’une mondialisation inconsidérée de la production et donc des flux de marchandises. Il faut donc une stratégie publique visant à reterritorialiser une partie des productions (celle qu’on juge stratégique, médicaments compris), réduire la production divisée à flux tendus, etc. Mais cela se heurte directement les principes qui structurent les traités européens, leur ADN. Cela suppose donc de secouer très vigoureusement ce tabou-là. Non pour écarter les coopérations européennes, mais pour favoriser la coopération industrielle quand elle a du sens, en remettant en cause les interdits idéologiques.

 

Propos recueillis par Benoît Dumoulin

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