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Comment s’est-il invité dans le débat public ? Il est apparu d’un coup, auréolé de son titre de médecin et de sa production intellectuelle. Transhumanisme, hautes technologies, guerre des données… Sa prose coule et prospère dans ces baignoires fuyantes que constituent nos cénacles intellectuels.
À vrai dire, il est entré véritablement par la porte des trolls, comme membre de la trinité du néant qu’il compose avec Joachim Son-Forget et Alexandre Benalla. Laurent Alexandre a tout compris de son époque. Il en maîtrise les codes, et joue avec les perceptions cognitives de la foule avec un incommensurable brio. L’affaire de la « carte » qu’il ne faudrait surtout pas diffuser et qui classifie les continents par QI en est la preuve. « Si cette carte venait entre les mains de la fachosphère », ce serait la guerre civile semble-t-il s’inquiéter.
De fait, Alexandre est de plus en plus aperçu dans les différentes chapelles de la droite. Lui qui « admire Jordan Bardella » de son propre aveu a été l’invité de l’université du RN, de celle de la Manif pour tous, et de la Convention de la Droite, bien qu’en contradicteur dans le deux derniers cas. Laurent Alexandre mange à tous les râteliers, si bien qu’on lui laisse champ libre et tribune ouverte, où son humeur atrabilaire peut à loisir pourfendre les bioconservateurs et les « bigots » de tout poil.
Il est fascinant à observer. D’un calme olympien au premier abord, son visage s’anime, se tord et se déforme, poussé par une sorte de rage intérieure qui explose avec la froideur de l’acier rendu incandescent par les accents hystériques de son intonation.
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Laurent Alexandre est en réalité la pente dangereuse devant laquelle la droite manque de glisser. Pas la droite conservatrice. Pas non plus la droite « progressiste » au sens centriste. Laurent Alexandre est le mauvais génie de la droite amnésique. La droite du siècle, celle qui n’a jamais lu Bainville et méprise Bernanos. La droite qui croit en la France mais qui ne voit en elle que puissance en déclin. Une droite qui dénonce l’immigration africaine parce qu’elle porte atteinte à nos performances ou à un vague art de vivre français qui se résumerait à boire un verre en terrasse.
Cette droite, jeune et avide de victoire, ne hiérarchise pas les luttes et n’est en réalité pas enracinée. Pas au sens où elle méprise un quelconque héritage mais au sens où elle ne se l’est pas approprié. Cette droite n’a pas besoin de connaitre ses ancêtres car elle a apprécié les attractions du Puy-du-Fou. Cette droite, appelons-la la droite Bataclan, est obsédée par l’invasion migratoire et passe ses journées à démontrer la supériorité de l’Occident sur le reste du monde. Une supériorité qui à l’entendre serait technologique, pratique, mécanique. En bref, une supériorité qui nie toute possibilité de faiblesse, tout esprit d’ouverture et tout optimisme. Une droite incapable de penser printemps, une droite qui ne connait que l’hiver. Forgée dans les défaites successives et dans le désespoir de voir survenir un quelconque dégel.
La rhétorique de Laurent Alexandre chérie par cette droite exclue toute transcendance, elle exclue le miracle d’une victoire opérée grâce à la faiblesse, elle piétine la rédemption du pécheur et considère la probabilité qu’une bergère de Domrémy puisse bouter l’armée anglaise uniquement sous l’angle statistique.
La rhétorique de Laurent Alexandre chérie par cette droite exclut toute transcendance, elle exclut le miracle d’une victoire opérée grâce à la faiblesse, elle piétine la rédemption du pécheur et considère la probabilité qu’une bergère de Domrémy puisse bouter l’armée anglaise uniquement sous l’angle statistique. La rhétorique de cette droite aurait donné le commandement de l’armée à La Hire et aurait vanté l’attitude raisonnable d’un Pierre Cauchon.
Laurent Alexandre est pour elle un prophète qui arme ses combattants de l’implacabilité de la supériorité de facto. Une certitude qui se satisfait d’une carte des QI éditée par Wikipedia et d’innovations technologiques. Une supériorité qui au fond ne la mènera pas plus loin qu’une Tour de Babel dont on connaît par avance le sort. Mais peu importe pour eux tant qu’elle demeure la plus haute.
Cette droite aime Laurent Alexandre parce qu’il donne raison à son mauvais penchant ; ce penchant qui met en valeur un génie français qui pour triompher doit s’affranchir des limites, fussent-elles naturelles. A contrario de la droite conservatrice ou « bio-conservatrice », qui sait que la victoire ne s’obtient pas seulement sur l’avancée technologique mais bien à l’aide d’un supplément d’âme. La droite Bataclan veut le pouvoir même si pour cela elle doit régner sur une France de robots. Une France gagnante sur le plan comptable mais d’une stérilité proprement effrayante.
Charles Vianney