Ce mercredi, Emmanuel Macron a décidé d’étendre les « mesures de freinage de l’épidémie » à la France entière, annonce qui en creux signe son refus du sanitarisme strict – huit semaines de confinement dur – tel que prôné par de nombreux médecins de l’AP-HP ces dernières semaines.
Samedi 27 mars, 41 directeurs-médicaux de crise de l’AP-HP signaient une tribune au ton apocalyptique dans le Journal du dimanche. Ils expliquaient notamment qu’ils devraient « faire un tri des patients afin de sauver le plus de vies possibles », avant d’oser une comparaison pour le moins maladroite avec les attentats. Au même moment, dans Le Monde, neuf autres médecins de l’AP-HP affirmaient qu’« en imposant aux soignants de décider quel patient doit vivre, le gouvernement se déresponsabilise de façon hypocrite ». Deux tribunes parfaitement coordonnées qui s’inscrivaient à la suite de très nombreuses communications du président de l’AP-HP Martin Hirsch, de Bruno Rioux, de Rémi Salomon (auteur du « papi et mamie mangent dans la cuisine et nous dans la salle à manger »), d’Enrique Casalino, de Karine Lacombe ou encore de Gilles Pialoux. Tous abondaient dans le sens d’un reconfinement général du pays, à coups de prises de parole et de projections alarmistes. Leur message était clair : en prenant à témoin l’opinion, ces membres de l’AP-HP déclaraient que le président Emmanuel Macron, s’il ne prenait aucune mesure supplémentaire, serait responsable de très nombreuses morts. Un avertissement aux allures de chantage, auquel le président n’a que partiellement cédé en accordant la fermeture des écoles.
L’AP-HP monopolise la parole, et sa proximité géographique avec les salles de rédactions en décuple encore le nombre et la portée. Sa spécialité : des frappes médiatiques multiples, simultanées et coordonnées sur les différents supports d’informations
Du reste, tous les médecins français ne partageaient pas cette direction. La Fédération hospitalière Française (FHF), association qui représente les établissements publics de santé, a regretté « cette tribune qui affole et n'est utile ni pour les soignants ni pour les patients ». De même, Patrick Pelloux, président de l’AMUF (association des médecins urgentistes de France) a condamné ces tribunes « alarmistes » dans Le Parisien : « On est sur un plateau haut, notre activité est constante avec une petite augmentation mais, en gros, on y arrive ». Une position partagée par son confrère Christophe Prudhomme, médecin au Samu de Seine-Saint-Denis et porte-parole de l’AMUF : « La situation est grave, mais elle n’est pas catastrophique ». [...]
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