Ce mardi 4 mai 2021, dès huit heures du matin à l’ouverture des bureaux de vote, de longues files d’électeurs se forment à Madrid. Les citoyens, qui respectent scrupuleusement les gestes-barrière en raison de la pandémie de coronavirus, sont visiblement désireux de s’exprimer en masse et le contexte sanitaire ne leur fait pas peur. Les chiffres de participation quasi définitifs confirment les impressions et témoignages partagés sur les réseaux sociaux : pour ces élections régionales anticipées dans la Communauté de Madrid, 76,25 % des inscrits ont glissé un bulletin dans l’urne. Un record depuis que ce scrutin existe – la communauté autonome de la capitale espagnole ayant été créée en 1983.
Il faut dire que les enjeux ne sont pas minces et les principaux partis politiques en lice ne se sont pas privés de le rappeler tout au long d’une campagne dure, agressive et souvent nauséeuse. Deux modèles visiblement incompatibles se sont ainsi affrontés entre le mois de mars dernier et le jour des élections : d’un côté, celui de la droite, au pouvoir dans la région depuis 1995 ; de l’autre, celui d’une gauche essentiellement composée de trois formations, le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), Unidas Podemos (UP) et Más Madrid (MM, scission de la précédente, fondée en 2019 par l’ancien numéro deux du secrétaire général de Podemos, Íñigo Errejón). L’objectif pour ce dernier bloc était clair puisqu’il s’agissait de bouter le Parti populaire (PP, démocratie chrétienne) et Vox (droite « radicale ») hors de la Maison royale du Courrier, siège de la présidence régionale sur la Puerta del Sol.
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Les citoyens madrilènes étaient ainsi appelés à choisir entre, d’un côté, un modèle libéral fondé sur le rejet des confinements massifs, les impôts bas et la libre entreprise, défendu par la présidente sortante, Isabel Díaz Ayuso (PP), et ses alliés ; et, de l’autre, un paradigme plus égalitaire et redistributeur, mais associé au gouvernement national de coalition de Pedro Sánchez (PSOE), prôné par le socialiste Ángel Gabilondo et ses partenaires, Mónica García (MM) et Pablo Iglesias (UP). Ce dernier, conscient que sa formation risquait de perdre toute représentation au Parlement régional, avait même démissionné de ses fonctions de deuxième vice-président de l’exécutif espagnol pour devenir tête de liste au scrutin madrilène. [...]
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