Avec 66 % d’abstention, un triste record a été établi pour une élection en France, avec 16 points de plus que lors des dernières régionales. Comment expliquez-vous ces chiffres ?
Cette abstention démontre tous les défauts de la décentralisation à la française qu’avait accomplie François Hollande, avec des régions redécoupées qui ne correspondent plus à rien et auxquelles peu de monde s’identifie. Par ailleurs, et c’est aussi le fait de M. Hollande, la réforme des départementales avec le système de binôme pour les cantonales et la division par deux du nombre de cantons, n’a fait qu’éloigner davantage les acteurs du scrutin départemental, comme la première réforme les avait éloignés du scrutin régional.
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Il y a également un problème conjoncturel lié à l’organisation du scrutin, juste après le covid, qui a concouru à une absence de mobilisation officielle autour des régionales et départementales. Beaucoup de gens ont été très mal informés. Enfin, la proximité de la présidentielle fait que ces élections ont été dédramatisées. Beaucoup d’électeurs s’étaient exprimés aux européennes dans un contexte de lutte, de mouvement social et de réformes. Ils n’étaient cette fois-ci pas motivés pour le faire étant donné qu’il n’y a pas de réformes prévues dans les prochains mois et que les réformes sont arrêtées depuis le début du covid. Et à vrai dire, si on veut s’exprimer pour ou contre M. Macron, beaucoup se disent qu’ils peuvent attendre la prochaine présidentielle.
Toutes ces raisons ont conduit à une énorme abstention, surreprésentée comme d’habitude parmi les jeunes, les peu diplômés, les locataires et les faibles revenus. C’est certainement une dynamique de long terme, mais qui s’inscrit dans une rationalité. De fait, par rapport aux demandes principales des Français, les collectivités locales n’ont pas une grande importance, comme le Parlement européen n’a pas une grande importance. Si les Français sont intéressés par la sécurité et l’immigration, ils attendront la présidentielle. [...]
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