Boutrossieh naît en juin 1832, dans une modeste famille libanaise. Son prénom aux consonances exotiques se traduit simplement par « Pierrette » dans la langue de Molière. Famille modeste, nous disions donc, mais très pieuse. Sa maman, Rafqa, l’emmène devant un petit autel de fortune prier sa Mère Céleste dès que la jeune fille ouvre les yeux le matin. Mieux que la routine Chocapics + yaourt.
Sa pieuse maman part un peu trop vite au ciel. La petite Boutrossieh se retrouve à devoir tenir une maison et un père éploré. Comme à peu près tous les mardis au Liban, c’est la guerre pour une raison rigoureusement incompréhensible. Le budget de la maison se réduit comme peau de chagrin, et après avoir perdu sa femme, le brave père doit se résoudre à laisser partir sa fille comme servante dans une maison de gros bourges de Damas. Ces chrétiens maronites la traitent bien, et Boutrossieh se révèle si dévouée, douce et vertueuse qu’elle repartira chez elle quatre ans plus tard avec un trousseau complet. Soit une petite fortune en vêtements, linges de maison et autres fanfreluches de gonzesses, indispensables pour se marier. Demandez à mamie, elle vous expliquera.
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Pendant ce temps, papa s’est remarié. La belle-mère adopte tout de suite la charmante petite, qui de surcroît a oublié d’être moche. La jeune adolescente devient vite une turbo bombe qui fait baver tout le voisinage. Les daronnes du coin commencent à se crêper le chignon pour savoir lequel de leurs fils épousera cette beauté à la dot conséquente. Mais le projet de Boutrossieh ne colle pas avec la vie maritale. Déjà, elle est si pieuse qu’elle entraîne sa ligue de copines à une attitude pudique envers ses prétendants. [...]
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