L’histoire des idées tourne parfois à vide. Si le culte progressiste et la technique reine n’apparaissent plus depuis longtemps comme les uniques paradigmes possibles, l’espoir de revenir en arrière, de penser à rebours, d’embrasser un legs philosophique qui ne soit pas irrémédiablement entaché par les antiennes du modernisme, peut sembler candide. Un rêve d’idéaliste, de romantique völkisch, qu’on a souvent cantonné aux errances de la gnose ou à des interprétations erronées du guénonisme et de tout un fatras occultiste tout à fait soluble dans l’ère moderne, affamée qu’elle est de colifichets et de symbolisme.
Car enfin, et c’est sans doute le point crucial que défend Michel Michel, sociologue notoire et penseur au carré, dans cet impressionnant essai : le modernisme et la Tradition sont parfaitement entrelacés, aussi indétachables l’un de l’autre que les serpents du caducée, aussi soudés que les hélices duelles d’un brin d’ADN. Et leur point médian, leur axe de symétrie, serait précisément ce christianisme qui a fondé d’une part l’histoire moderne, et de l’autre repoussé dans les ténèbres de la primo-histoire tout un appareil métaphysique désormais honni pour ses rapports privilégiés avec un réel encore non permuté par la cognition chrétienne. [...]
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