Au fond, les élections régionales n’ont pas eu lieu, 67 à 68 % des électeurs inscrits ayant traité la chose avec mépris, indifférence et/ou découragement. On commente à bon droit le niveau record de l’abstention, qui a réduit la challengeuse n° 1 du pouvoir au triste sort de femme battue et déçue (mais la vie continue et il y aura d’autres élections, qui intéresseront forcément davantage la moyenne des Français moyens), et transmué de grisâtres notables en place capitalisant sur leur clientèle captive en suprêmes recours (de la droite plus que de la France).
Il me semble que l’abstention facilite justement ces impostures, le système politico-médiatique étant ainsi fait que si la prochaine élection enregistrait un taux de participation de 10 %, les commentateurs retiendraient encore gravement que la droite serait en train de ressusciter avec 30 % des suffrages, le RN enregistrerait un échec cinglant à 20 %, la gauche résisterait avec un score équivalent, et ainsi de suite. En dernière analyse (biaisée) ne compte que le reliquat des suffrages exprimés, les abstentionnistes étant plus ou moins méprisés par les professionnels de la politique, au même titre que les blancs et les nuls (vous me direz que la réciproque est vraie mais jusqu’à présent, des élus dérisoires comptent plus que des masses abstinentes, c’est immoral et même anti-démocratique mais c’est comme ça).
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Moi j’ai toujours voté depuis que j’en ai eu le droit – la première fois ça devait être pour les législatives de l’an 1978 après JC – et presque toujours pour des candidats battus plus ou moins glorieusement. C’était avant par défoulement un peu dérisoire, plus tard par réelle espérance politique. Au fait, c’est l’anti-démocrate Maurras qui avait dit un jour, à peu près, qu’il se reprocherait que sa voix eût manqué à un « bon » candidat – et d’ailleurs l’Action française a participé à une ou deux élections après 1918, avec un succès très relatif, disons ça comme ça. Bon c’est vrai que je me suis au moins une fois abstenu, et à une élection assez cruciale, mais d’une façon conjuguant heureusement surréalisme et calcul politique. [...]
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