Naïma a la quarantaine et vit dans un quartier islamisé de banlieue parisienne : « Je suis issue d’une famille musulmane, mais je n’ai jamais voulu adhérer à l’islam. J’étais le mouton noir de la famille ». La barbarie islamique, elle la connaît. Sa mère arrivée en France après la guerre d’Algérie est mariée de force à un cousin, à l’âge de 16 ans. « Son père lui a fait croire à des vacances au bled, il lui a déchiré son passeport. Elle a été droguée et violée durant toute sa nuit de noces. J’ai moi-même échappé à un mariage forcé à 17 ans. Deux de mes amies sont parties en vacances et ont subi ce sort ». Battue par son père quand elle est enfant, Naïma se rapproche instinctivement du Christ : « Je faisais des croix en papier pour me protéger. J’ignore comment m’est venue cette idée. Ma mère avait rejeté l’islam, du moins intérieurement. Je regardais la messe avec elle le dimanche matin et j’ai vu les films Jésus de Nazareth et Bernadette. Ce fut le début de mon chemin vers le catholicisme. Un jour, j’ai vu Jésus en rêve. Et j’ai choisi de me tourner définitivement vers lui ».
Naïma décrit l’insupportable pression sociale de son quartier : « L’islamisation est totale dans ces quartiers pourris. Pendant le ramadan, c’est atroce. On ne peut pas manger dehors, on ne peut pas boire un verre dehors. Si vous le faites, vous devez affronter la pression, les mauvais regards et les insultes. Ils obligent même les personnes gravement malades à observer le jeûne, en leur disant qu’elles vont guérir ». Même obligation côté vestimentaire, surtout pour les femmes. Le voile est quasiment une obligation, s’y soustraire et s’habiller à l’européenne relève du militantisme. Naïma décrit une police religieuse à l’œuvre dans tous les aspects de la vie quotidienne : « Dans la ville, nous sommes fliqués en permanence. Les islamistes surveillent ce que l’on achète lorsque nous faisons nos courses. Ils enquêtent pour savoir si l’on est une fille “dévergondée”, si des hommes viennent chez nous. En tant que mère célibataire, je suis considérée comme une putain, une traînée. Dans ces quartiers, la femme qui n’a pas un “tuteur” musulman [frère, père, cousin, mari ou fils] est une prostituée. Et celle qui a un tuteur non-musulman est une traîtresse qui s’est vendue à un “kâfir” – un mécréant. Un homme soi-disant très religieux m’a proposé de l’argent pour coucher avec lui. Il a même proposé d’emmener mon fils de trois ans à la mosquée. J’ai évidemment refusé sachant que beaucoup d’enfants sont violés là-bas, mais personne n’en parle ».
La police des mœurs s’accompagne d’un embrigadement de la jeunesse par d’ex-taulards fraîchement promus « moudjahidines » comme Amedy Coulibaly. Naïma assiste à l’embrigadement de son frère dans l’État islamique : « Mon propre frère a failli partir au djihad. Les islamistes recrutent les jeunes désespérés ou sans surveillance. Il a voulu partir se faire exploser la cervelle d’abord au Niger, puis en Syrie. Pour l’en empêcher, j’ai dû faire appel à une partie de ma famille, qui s’est finalement retournée contre moi ».
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Julien, lui, a vécu la radicalisation de l’intérieur. Ce quarantenaire a rejoint l’islam à la sortie de l’adolescence. Il explique sa conversion par trois facteurs combinés. D’abord, le fait de grandir en dehors du catholicisme : « Je suis né dans les années 80, et à l’époque c’était la mode pour les parents de ne pas baptiser leurs enfants. Je n’ai donc pas été baptisé et n’ai reçu aucune éducation religieuse ». Ensuite, la haine ou plutôt le mépris de soi inculqué de façon insidieuse par l’Éducation nationale : « À l’école, on ne donnait aucune fierté aux enfants d’être français. Quand on était le Français de la classe, on avait presque honte ». Enfin, l’apparition de certaines questions spirituelles dans un environnement islamisé : « J’ai perdu un proche, de là sont nées mes premières interrogations religieuses. Et les seules personnes qui furent présentes pour y répondre étaient des amis musulmans ». [...]
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