En revanche, dans les derniers jours de novembre, les notes, courriels et textos ont afflué sur les messageries du candidat. Tous pour l’alerter. Tous pour le prier, voire le supplier, de redresser la barre au plus vite. Au nom des espoirs qu’il a suscités et suscite encore, mais pour combien de temps ? La lettre la plus étayée est celle de Pierre Meurin, ancien président des Jeunes pour la France, de Philippe de Villiers, qui a piloté (bénévolement) tout l’opérationnel de la pré-campagne d’Éric Zemmour jusqu’à ce qu’il jette l’éponge, l’été dernier. La campagne d’affichage « Zemmour président » dans la nuit suivant le second tour des élections régionales, par exemple, c’est lui.
Le constat qu’il dresse dans cette missive qu’il n’a pas souhaité nous communiquer mais qui nous est tout de même parvenue est accablant. Il y pointe tout à la fois, dans un parallèle avec les autres expériences récentes de réunion des droites, le « narcissisme » du candidat, un discours de la « droite naphtaline », l’absence de méthodologie, la « déconnexion du pays réel » et « de ses aspirations parfois triviales mais pourtant grandes [dans leur] trivialité gouailleuse […] et très française », et lui demande : « Voulez-vous être un lanceur d’alerte ou gagner l’élection présidentielle ? »
Et de prédire : « Le zemmourisme accèdera au second tour de cette élection, mais pas Éric Zemmour. LR est en train d’accaparer vos thèmes. Le vainqueur du congrès fera de M. Ciotti son porte-flingue zemmouriste […] Marine Le Pen […] se calmera sur ses marqueurs de gauche et bénéficiera par miroir d’une image de compétence grâce à l’incompétence de votre équipe. Le zemmourisme sera absorbé et vous subirez un effet ciseau qui vous abaissera aux alentours de 6-8 %. »
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L’idée germe déjà d’une sortie par le haut
Délibérément, Éric Zemmour a choisi de faire une campagne à la Donald Trump. Sans avoir analysé la façon hyper-professionnelle dont Donald Trump a pris le pouvoir, mélange de parfaite maîtrise de la data (les données numériques) et de quadrillage militant du pays. Et sans du tout prendre en compte que Trump avait réalisé une OPA sur le Parti républicain, alors que Zemmour, là encore, ne dispose d’aucune structure. Le RN comme LR vont aussi bien (ou aussi mal) qu’avant qu’il ne se soit lancé et il n’a tué aucun de ses rivaux qui peuvent maintenant, la poussée sondagière passée, reprendre leur chemin avec sérénité. En politique, déstabiliser, ainsi qu’il l’a fait, ne suffit pas ; il faut mettre une balle dans la nuque. Et cela, il ne l’a pas fait.
De même qu’il n’est pas parvenu à dépasser son rôle habituel d’analyste et de polémiste pour, d’une part, être porteur d’un véritable projet, de ceux qui font rêver les Français, et pour, d’autre part, endosser le costume présidentiel. Les Français réclament du régalien, de l’ordre, de la prospérité et de la sérénité, il ne leur propose que de l’agitation et de l’acrimonie. Comme l’avait dit l’essayiste de gauche Raphaël Enthoven à la Convention de la droite, en septembre 2019 : « Le désir d’ancrer dans un avenir commun des gens issus de toutes les sensibilités de la droite ne recouvre, en réalité, que des retrouvailles entre militants innombrables qui communient dans la déploration – ce qui est très agréable mais politiquement stérile […] Avec un tel cahier des charges, vous n’avez pas vocation à devenir majoritaires. C’est impossible. Arithmétiquement. […] Votre projet politique ne m’inquiète pas du tout car il se prive lui-même, tout seul, de l’ensemble des moyens d’action nécessaires à la conquête du pouvoir. » […]
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