Pour justifier son projet de « révolution conservatrice » de l’école, avec « sanctuarisation » et rétablissement de « l’autorité, de l’excellence et de la blouse pour supprimer les inégalités sociales », Zemmour s’autorise de Hannah Arendt, qui aurait dit que « chaque nouvelle génération d’enfants qui naît est une génération de barbares que les adultes doivent civiliser ». C’est déformer d’une façon cavalière le propos de La Crise de l’éducation, et flatter implicitement des adultes qui ne se croyaient pas si « civilisés ». Arendt avertit au début de son essai qu’« une crise ne devient catastrophique que si nous y répondons par des idées toutes faites, c'est-à-dire par des préjugés ». Or, c’est précisément ce que fait Éric Zemmour.
Pour Arendt, l’autorité des adultes n’est pas si naturelle, elle fait fond sur une conception globale que la société romaine a défendue le plus purement, à savoir que l’adulte qui éduque l’enfant le place dans une tradition, l’introduit dans un monde dont il prend la responsabilité. Or, explique Arendt, « [dans le monde moderne] l'autorité a été abolie par les adultes et cela ne peut que signifier une chose : que les adultes refusent d'assumer la responsabilité du monde dans lequel ils ont placé les enfants ». [...]
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