Vous achevez un cycle de trois dictionnaires en consacrant celui-ci au progressisme, après deux autres sur le conservatisme et sur le populisme. Quel sens donner à cette grande œuvre de près de 3500 pages ?
Olivier Dard : Merci de qualifier cet ensemble de grande œuvre. Après les deux premiers, les lecteurs jugeront du troisième. Il est certain que pour nous, leurs directeurs, il s’agit bien d’une trilogie. Nous n’avions pas prévu la chose comme telle en publiant le Dictionnaire du conservatisme en 2017. En revanche, lorsque deux ans plus tard nous avons sorti le Dictionnaire des populismes, il nous est apparu qu’il manquait un volet au triptyque pour prétendre brosser le panorama idéologique des années 2020. Entreprendre un Dictionnaire du progressisme relevait donc de l’évidence et nous espérons que cette somme, au sens déjà littéral du terme, donnera aux lecteurs de 2022 un tableau assez complet des doctrines politiques dominantes de notre temps en France, bien sûr, mais aussi en Europe et aux Amériques.
En histoire des idées, quand et comment apparaît le concept de « progressisme » ? Contrairement à l’éthique conservatrice, qui au fond est vieille comme le monde, s’agit-il d’un état d’esprit nouveau et inédit dans l’histoire ?
Frédéric Rouvillois : La question est intéressante, l’une des particularités du progressisme étant que, contrairement au conservatisme et au populisme, on peut dater, non seulement le mot, qui apparaît en France sous la Monarchie de juillet, mais également la notion. En effet, le progressisme se construit à partir d’une idée capitale, l’idée de progrès, selon laquelle tout ce qui se rapporte à l’homme, sans exception, est amené à se perfectionner au cours du temps, de façon nécessaire et illimitée. [...]
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