Vous considérez-vous comme féministe ?
Je me présente comme étant féministe pro-vie. Ces termes ne peuvent être séparés, puisque je considère que le féminisme appelle au respect des femmes, respect qui est rendu impossible par l’avortement. On ne peut vouloir respecter une femme tout en acceptant d’envoyer celle-ci se faire charcuter dans un bloc, de la rendre stérile, en lui imposant de choisir entre sa maternité et son travail. Je ne suis, contrairement aux premières féministes matriarcales et soixante-huitardes ni eugéniste, ni anti-maternité, ni anti-homme, mais je reconnais qu’il existe une grande manipulation du corps de la femme par la société, à des fins commerciales.
Qu’est-ce qu’être une féministe de droite ?
Le féminisme de droite est à la mode : la plupart de ces femmes réclament que les femmes soient en sécurité dans leur pays. Au sein de la Marche pour la Vie, nous allons plus loin, puisque nous dénonçons les vrais problèmes de la société, qui, depuis 75, ont soumis la femme à un marché du désir, dans lequel elle est réduite à un objet. Nous demandons que soit respectée la femme en tant que telle, c’est-à-dire comme une personne qui peut porter en elle la vie, qui peut être féminine, qui peut avoir ses moments de faiblesse comme de force. Là où le féminisme de gauche souhaite effacer les caractéristiques des femmes en les transformant en hommes, nous souhaitons revaloriser la femme dans son essence, la sortir de ce grand marché du désir qui la réduit à son sexe, qui détruit ce cœur de femme et possiblement de mère qui est en nous. Le féminisme de gauche déteste les femmes, il est anti-femme, là où celui que nous prônons au sein de la Marche pour la Vie cherche au contraire, à aider les femmes en détresse et à respecter cette féminité qui les distingue des hommes.
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Dépecé depuis cinquante ans, le patriarcat européen est désormais remplacé par une domination clanique africaine et maghrébine. Quel impact cette substitution a-t-elle sur votre vie quotidienne ?
Si nous connaissons aujourd’hui une forme de « remplacement », c’est en partie à cause de la politique antinataliste menée par le gouvernement, et qui ne touche pas les populations immigrées. Nous, Français, acceptons de détruire nos familles, refusons d’avoir des enfants pour notre petit plaisir personnel. Nous sommes en train de tuer notre civilisation qui s’éteint peu à peu. Un pays qui tue ses enfants perd son âme et son espérance.
Le féminisme a fait croire aux femmes que pour être libres, elles devaient adopter une sexualité débridée, calquée sur le désir masculin. Beaucoup de jeunes filles se trouvent ainsi dépossédées et déconnectées de leurs corps. Que faire pour réparer ce désastre ?
Le marché du corps humain, promu par le progressisme ambiant a eu les effets d’une bombe atomique. Il a détruit les femmes, les a effectivement déconnectées de leur propre corps. La pudeur n’existe plus, les femmes montrent tout, parce qu’elles n’ont plus rien à cacher. Malheureusement, dès 14 ans, il est difficile de trouver des adolescentes qui n’aient pas déjà connu plusieurs garçons. Les femmes se donnent à perte, et ont même perdu le respect qu’elles pouvaient avoir vis-à-vis de leur propre personne. Mais celle destruction a plusieurs sources : la destruction de la famille, de la figure du père, comme de la mère en partie. Ces jeunes filles ont elles-mêmes vu leur mère avoir une dizaine, voire plus, d’amants, elles l’ont vue tromper leur père, beau-père, etc. Réparer ce désastre va être difficile, mais c’est toujours possible de le faire, notamment et surtout en redonnant confiance aux femmes, en les respectant et en leur donnant de nouveaux modèles à suivre : non pas des femmes hystériques prônant l’autodestruction, mais des femmes féminines et stables, qui écoutent leur corps et le respectent, qui se forment et qui apprennent à voir en cet autre qu’est l’homme, non pas un rival mais un compagnon, un compagnon de route qui lui sera complémentaire, qui sera un véritable pilier sans pour autant l’écraser dans ses choix de vie.
« Auparavant, les femmes étaient éduquées à être mères, là où aujourd’hui, on les éduque à devenir les parfaites consommatrices de Zara, des boîtes de nuit »
Aliette Espieux
Le wokisme prétend que l’on peut passer d’un « genre » à l’autre. Être une femme se résumerait ainsi à l’apparence, à des hormones et des organes factices. Que répondez-vous à cela ?
Le wokisme est une idéologie fondée sur le ressentiment nietzschéen, un ressentiment qui pousse les personnes qui le pratiquent à tomber dans une véritable haine de la vie. Haine de la nature, haine de la société, haine des religions, haine de tout, et y compris de la science. C’est une idéologie d’adolescent prépubère, qui ne sait pas regarder autre chose que son nombril. Et pourtant, il le regarde mal, ce nombril qui l’a rattaché à sa mère in utero. Ils ne connaissent pas leur corps, ni visiblement celui des autres. Face à leur volonté de tout détruire, cette volonté d’enfant-roi à qui l’on a tout donné, s’oppose la meilleure et la plus belle des barrières : la nature. Que ces personnes le veuillent ou non, malgré toute la force qu’ils peuvent mettre en transformant chimiquement leur corps, vestimentairement ou autre, ces personnes gardent le corps que la nature leur a donné. Une femme ne pourra jamais devenir un homme, et inversement. Face à cette idéologie du non-sens, la vraie réponse consiste dans un engagement ferme et intelligent : il ne s’agit pas simplement de les combattre, mais aussi de les remplacer, de reconstruire cette histoire, cette culture mise à mal par le wokisme, mais aussi et avant tout, d’arracher à la racine ces maux qui nous assaillent. L’avortement est la racine de ces problèmes parce qu’il a relativisé l’essence même de l’humanité.
On assiste également à un dénigrement de plus en plus fréquent de la maternité, vue comme une oppression avec le phénomène des « mères repenties ». Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Ce phénomène n’est pas nouveau. La légalisation de la contraception et de l’avortement a contribué à forger une mentalité dans laquelle une grossesse n’est plus la suite « logique » d’une vie sexuelle, mais une erreur. Rares sont les femmes qui aujourd’hui, refusent de vivre sous contraception, et la pression médicale sur ce sujet est telle, que refuser de la prendre peut nous valoir bien des critiques. Par conséquent, les femmes ne sont plus préparées à être mères. Elles pensent que seul le désir suffit, or la maternité n’est pas réductible au désir d’un soir. Elle se prépare. Auparavant, les femmes étaient éduquées à être mères, là où aujourd’hui, on les éduque à devenir les parfaites consommatrices de Zara, des boîtes de nuit, à draguer le parfait inconnu en sirotant un « Sex on the Beach ». Quand elles se disent « prêtes » à réaliser ce désir, qui vient bien souvent une fois que l’horloge biologique aient sonné, ces parfaites Cendrillon, après avoir profité de la fête, reviennent à la réalité. Et c’est ici que se joue le drame, entre celles qui constatent que la pilule les a stérilisées, et celles qui deviennent mère en croyant qu’Instagram les a suffisamment formées. Le combat est de taille, mais c’est aussi pour reformer les nouvelles générations, pour permettre à ces jeunes filles de devenir des femmes fières, fortes et non des objets asexués, que nous avons mis en place un camp de formation, la « Lejeune Académie ».
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À une époque où la beauté et la grâce sont malmenées, prendre soin de soi est-il un acte de résistance au relativisme ambiant ?
En quelque sorte oui. À l’heure où les femmes ne s’épilent plus, s’habillent avec des vêtements d’hommes, là où ces derniers parcourent le chemin inverse, enfiler une robe féminine, se maquiller et prendre soin de soi peut sembler être un geste révolutionnaire. Mais ce relativisme des valeurs ne s’estompera pas parce que nous, femmes, nous prenons soin de nous. Il faut avoir un « esprit sain dans un corps sain », prendre soin aussi bien de son physique, de sa tenue, mais il est également nécessaire de se former, de comprendre ce qui se passe autour de nous pour être en mesure de s’attaquer à ces idéologies.
À quoi aspire une jeune femme en 2022 ?
Cela dépend beaucoup. Certaines aspirent à une certaine élévation sociale par le travail, d’autres à percer sur les réseaux sociaux, certaines se sentent appelées par une cause spécifique (climat, féminisme, avortement…) et d’autres aspirent, malgré le regard noir des féministes NousToutes, à devenir mères au foyer. Il y a une émergence, surtout dans ce qu’on appelle le féminisme de droite, du concept des « mères traditionnelles », des femmes qui refusent par principe de travailler pour s’adonner pleinement à leurs enfants, cherchant par la même occasion à résister face à la destruction de la maternité par le gauchisme ambiant. Je ne pense pas qu’il puisse exister une même aspiration pour toutes les femmes, surtout aujourd’hui, où la différence des milieux de vie, d’éducation, ne s’est jamais autant fait ressentir.