Si le XXe siècle fut le temps du fantasme collectif, le XXIe siècle sera celui de l’embolie individuelle. Le séquençage du monde selon des principes exclusivement mathématiques, la planification sociale via les réseaux, la numérisation progressive du champ des possibles selon les règles coercitives d’une technologie de l’aletheia (Éric Sadin) ont permis à chaque individu de se ménager et de perpétuer son quart d’heure de célébrité : aujourd’hui, isolé dans sa bulle relationnelle et informationnelle, chaque « internaute » - comme on les appelait encore candidement dans les années 90 – se voit doté de compétences surhumaines: d’abord, celles de créer un monde à son image, débarrassé de toute altérité (une sphère d’influence, un parterre d’abonnés, un « mur » d’activités, en gros un espace virtuel organisé uniquement par la célébrité, c’est-à-dire par la reconnaissance). Désormais, par la grâce des programmes de type Midjourney, il se fait créateur de monde ex nihilo et une simple phrase lui suffit pour élaborer une image complexe, capable a priori de rivaliser avec les meilleurs peintres. [...]
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