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France 3 et Le Figaro piégés par Lech Walesa

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16 mai 2019

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L’ancien président de la République polonais et ex-leader du syndicat « Solidarnosc » a récemment accordé plusieurs interviews dans les médias français, notamment à France 3 et au Figaro. Problème :  Walesa a enregistré et publié les vidéos de ces entretiens sur YouTube, sans aucun montage. Le résultat en dit long sur la triste imposture Lech Walesa, entretenue par les médias.

 

Le 26 avril dernier, « Soir 3 » consacre une page spéciale à la Pologne. Au programme, entre autres, une interview de Lech Walesa, l’ancien leader du syndicat « Solidarnosc » réputé pour avoir fait tomber le communisme en Pologne. Quelques jours plus tard, Le Figaro publie un entretien exclusif – « Les confidences de Lech Walesa » – dans lequel l’ancien président polonais esquisse «un nouveau fondement du système international». Au même moment, sur internet, les vidéos de ces entretiens sont mises en ligne par Walesa lui-même. La comparaison entre les entretiens originaux et le résultat, diffusé par France 3 et Le Figaro, vaut le détour.

 

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Pour France 3, les choses démarrent mal : Walesa commence à répondre alors que les caméras françaises ne tournent pas encore. Un membre de l’équipe de France l’interrompt tout de suite.  Walesa s’énerve et le prend alors à parti : « Attendez, c’est vous qui répondez ou c’est moi ? ». Alors que la traductrice tente de résoudre le malentendu, il lance à nouveau : « Hé mon gars, fais gaffe car… », et il fait mine de cogner du poing dans son autre main. Walesa a beau être prix Nobel de la paix, tout le monde saisit le sens de ce geste. « J’ai compris » répond le français.

« Une certaine époque a pris fin, à la fin du XXème, je l’appelle l’époque de la Terre » explique-t-il, alors que la traductrice est mise en difficulté. « Ce qui est apparu, c’est l’époque de l’intellect, de l’information et de la globalisation. Cette époque, moi je l’appelle l’époque de la Parole ».

L’interview démarre. Face aux questions – claires – de Francis Letellier sur l’état de la démocratie en Pologne, Walesa se plonge dans un long exposé. « Une certaine époque a pris fin, à la fin du XXème, je l’appelle l’époque de la Terre » explique-t-il, alors que la traductrice est mise en difficulté. « Ce qui est apparu, c’est l’époque de l’intellect, de l’information et de la globalisation. Cette époque, moi je l’appelle l’époque de la Parole ».  France 3 ne gardera aucun extrait de cette démonstration dans son montage final.

 

« Mon Dieu vient d’un ordinateur de dernière génération »

 

Au bout de huit minutes d’entretien, un membre de l’équipe finit par interpeller Francis Letellier : « tu veux bien être un chouille plus direct, parce qu’honnêtement sur les trois premières minutes, tes quatre premières questions, il n’y a rien à en tirer. Donc demande lui, oui ou non, est-ce que c’est une démocratie ». Malheureusement, pour l’équipe de France 3, la réponse ne viendra jamais. Walesa poursuit ses obscures démonstrations. Francis Letellier fait des yeux ronds et tente de l’interrompre. « Mais vous alors, vous êtes de gauche ou de droite ? » demande-t-il. « Moi ? De droite ! De la droite raisonnable. Moi, mon Dieu il vient d’un ordinateur de dernière génération ! ». Sur une demi-heure d’interview, France 3 gardera moins de trois minutes pour la diffusion.

 

Les pieds nus des chinois

 

Bis repetita pour Le Figaro. Face au Grand reporter Laure Mandeville, Walesa affirme que lorsqu’il était président, il avait cherché purement et simplement à « dissoudre » la Russie – et non pas « à l’affaiblir », comme l’écrira ensuite le journal. Interrogé sur la démocratie dans le monde, il prend l’exemple de la Chine : « Un milliard de Chinois débarqueraient ici s’ils étaient libres. Il n’y aurait pas assez de feuilles sur les arbres pour les nourrir, car ils mangent de tout ceux-là. Et en plus ils viennent pieds nus, on ne les entend pas arriver ! ».

 

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Quant au « système international à refonder », Walesa propose de « réorganiser les élections de façon à ce que ça n’empêche pas les gens de faire la bringue le vendredi, le samedi et le dimanche. » Pour sauver l’Union Européenne, le prix Nobel suggère de mettre en place « des dialogues télévisés » écrit le Figaro. En version originale, Walesa est plus explicite : « Chacun doit pouvoir appeler et parler au ministre par téléphone ! Et le ministre, il doit dire à la télé : « Ecoutez-moi tous en Europe : nous vous aimons! On veut travailler pour vous ! On fera tout pour vous ! Mais… on ne sait pas exactement quoi. » La traductrice et l’envoyé spéciale du Figaro rient.

Durant des années, l’électricien de Gdansk a porté les espoirs de millions de polonais. Aujourd’hui, ces mêmes polonais s’interrogent : Lech Walesa est-il devenu cette sorte d’Ubu Roi sur le tard, ou l’a-t-il toujours été ?

« Dans une Union Européenne parfaite, n’importe quel Etat pourrait entrer » lance Walesa. « N’importe lequel sur Terre ? » demande Laure Mandeville, incrédule. « Mais oui, bien sûr ! » répond Walesa. Le terrorisme ? « C’est un problème facile à régler ! ». Les migrations ? « Moi si je suis au pouvoir j’ouvre les portes à un milliards de chinois ! ». En toute modestie, l’ancien président polonais conclut: « Dans ma vie, je gagne toujours, moi je ne triche pas, je marche droit. » Cocasse, lorsqu’on connaît les accusations de collaborations avec les services de renseignement communistes qui pèsent sur ses épaules depuis des années.

 

Un président ne devrait pas publier ça

 

Lech Walesa n’en est pas à son coup d’essai. En Pologne, ses vidéos ne surprennent plus personne. Depuis plusieurs années, la « légende » de Solidarnosc a habitué ses anciens électeurs à des sorties médiatiques ubuesques. Dans la dernière en date, Walesa – qui s’est déjà autoproclamé « prophète laïc » il y a quelques mois – met en garde les polonais contre l’invasion imminente « des extraterrestres venus d’autres galaxies », « trois fois supérieurs à nous », et capables de nous faire « repartir à zéro en nous envoyant de nouveaux Adam et Eve »…

 

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Lech Walesa a marqué l’Histoire de la Pologne. On peut remettre en cause son véritable rôle politique, mais la dimension symbolique de ce personnage demeure indiscutable. Durant des années, l’électricien de Gdansk a porté les espoirs de millions de polonais. Aujourd’hui, ces mêmes polonais s’interrogent : Lech Walesa est-il devenu cette sorte d’Ubu Roi sur le tard, ou l’a-t-il toujours été ?

 

Dans son propre camp politique, le parti libéral Plateforme Civique, fervent opposant du PiS, Walesa est devenu encombrant. Ses messages postés sur Twitter, truffés de fautes de grammaire et d’orthographe, en ont fait un sujet de moqueries récurrentes. Et le simple fait de publier les vidéos des interviews qu’il accorde à la presse française prouve à quel point il est aujourd’hui déconnecté de la réalité. Imbu de sa personne, l’ancien président polonais en vient à se ridiculiser et à piéger ses interlocuteurs en révélant les coulisses de leurs échanges.

 

A l’heure où tous les médias font la chasse aux « théories du complots » et autres « fake news », comment expliquer que Walesa trouve encore une légitimité à leurs yeux ? Et combien ont, dans le même temps, décrit Jaroslaw Kaczynski, leader du parti conservateur au pouvoir, comme un dangereux démagogue illuminé ? Les médias français et internationaux ont trente ans de retard. A leurs yeux, Walesa est toujours l’éternel opposant, anti-communiste d’hier, anti-Kaczynski d’aujourd’hui. Envers et contre tout, ils tentent d’entretenir une légende qui ne s’entretient plus elle-même. Il est temps d’admettre que le Roi Walesa est nu.

 

Wojtek Eltrow

 

 

 

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