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Sibeth N’Diaye se moquerait-elle de nous ? En affirmant haut et fort que le gouvernement ne connaissait pas les plans de General Electric qui a récemment annoncé la suppression d’un millier d’emplois industriels en France, notamment 792 dans l’entité turbines à gaz de Belfort, la Porte-parole a pris les Français pour des imbéciles. Au drame de la désindustrialisation de l’Est, s’ajoute donc le mépris fait à notre intelligence.
Que Sibeth N’Diaye ait menti, on peut le déduire de cette phrase restée dans toutes les mémoires, où elle affirmait qu’elle n’hésiterait pas « à mentir pour protéger le Président ». Certes, c’est là son rôle, mais encore faut-il savoir correctement mentir. Car, l’affaire Alstom est extrêmement bien connue depuis l’année 2014, date à laquelle Emmanuel Macron succédait à Arnaud Montebourg au ministère de l’Economie … et de l’Industrie. Plus proche de nous dans le temps, précisément le 20 mars 2019, l’antenne France Bleu du Territoire de Belfort posait cette question en titre d’un dossier : « GE Belfort : un plan de suppression de 800 postes en préparation ? ». Il serait inquiétant que la déclinaison locale de Radio France pour le territoire de Belfort soit mieux informée que notre propre gouvernement ! Les syndicats de l’activité turbines à gaz avaient d’ailleurs organisé une manifestation en signe de protestation. Bruno Lemaire ne savait pas ? Edouard Philippe ? Emmanuel Macron ?
Bien sûr, l’affaire Alstom n’est pas de la seule responsabilité de l’actuel exécutif, témoignant des errements de la politique industrielle française depuis Maastricht. Notre industrie lourde a, en effet, littéralement été démantelée puisque nous avons suivi aveuglément les préconisations des technocrates européens qui nous ont enjoints de tout miser sur l’économie des services. Résultat ? Nous perdons nos fleurons les uns après les autres : noyés dans des fusions, rachetés ou tout simplement morts. À ces pertes s’ajoutent des fermetures d’usines qui tuent l’économie de régions entières, celles de l’ « ancienne économie » naguère prospères, désormais sinistrées. La liste des trahisons nationales en matière industrielle donne le vertige.
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Que ce soit dans l’énergie et le transport avec la fin d’Alstom, dans l’industrie navale avec STX, dans le ciment avec la fusion Lafarge – Holcim, dans le domaine silvicole avec la disparition des scieries, dans le domaine du transport aérien avec la vente de l’aéroport de Toulouse-Blagnac à un consortium sino-canadien vérolé, ou bien encore dans le parapétrolier avec la prise de contrôle de Technip par l’américain FMC, nos gouvernants ont toujours renoncé à sauver ce qui pouvait l’être. Alstom est le plus exemplaire de ces sacrifices. Cette société historique a été dépecée en deux temps. À la manœuvre, le spécialiste des « fusacs » chez Rotschild, et notre actuel Président : Emmanuel Macron. Il a d’abord pris la place d’Arnaud Montebourg qui refusait la vente de la branche énergie d’Alstom à General Electric, jugeant l’opération trop risquée pour le maintien de l’emploi, pour s’occuper spécifiquement du dossier Alstom avec la complicité et la bienveillance de l’ « ennemi de la finance » François Hollande.
Une opération menée tambour battant, Emmanuel Macron ayant refusé de s’opposer à la fusion en utilisant le décret n° 2014-479 comme comptait le faire Arnaud Montebourg. En novembre 2014, une aventure industrielle française commencée en 1879 à Belfort était condamnée à mort par un homme à peine quarantenaire et un Président élu par défaut sur la promesse mensongère de défendre l’emploi industriel. Pour faire passer la pilule aux sans-dents, General Electric s’engagea en 2015 à créer 1.000 emplois pour 2018. Ils se contenteront d’en supprimer 1.000, qui risquent d’être rejoints par les salariés placés sous la houlette de Siemens dans la branche du groupe consacrée aux transports, qui n’a pas réussi à remplir son carnet de commandes … les 44 locomotives diesel demandées par Akiem ayant finalement été construites par Vossloh, de même que certains TER par le canadien Bombardier.
Les faits rapportés ici ne sont que la face émergée d’un scandale beaucoup plus vaste, extrêmement complexe, où de nombreux intermédiaires ont eu l’occasion de « croquer » quand d’autres ont dû se contenter de trinquer. Nous sommes tenus par nos règles en matière de marchés publics, les traités de l’Union européenne et les accords de l’Organisation mondiale du commerce. Bientôt, Renault connaîtra le même sort en étant écrasé par la future fusion avec le groupe italo-américain Fiat-Chrysler, sans que notre économie ne soit non plus en mesure de se réinventer dans le numérique, l’intelligence artificielle, la robotique, l’agroalimentaire ou le biomédical. Nous deviendrons prochainement une économie dépendante, qui innove peu, dont l’essentiel des actifs travaillera dans le tertiaire non-productif des grandes métropoles connectées. « Le gouvernement ne savait pas ».
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