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[Reportage] À Rennes, les antifas frappent à vingt contre un

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Publié le

6 décembre 2022

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Le 18 octobre, à Rennes, une vingtaine de militants de gauche se sont acharnés physiquement sur trois membres supposés de la droite nationale. Au nom de l’antifascisme, le groupe s’est livré à un lynchage à coups de poings, de pieds, et d’armes par destination. L’un des meneurs a été condamné à douze mois de prison ferme et quelques 690 euros d’amende. Une sanction dont la légèreté a été acclamée par ses soutiens, après un procès haut en couleurs.
rennes ii

On trouve parfois une certaine ironie dans les faits divers. Comme lorsqu’au nom de la tolérance, on se permet de tabasser ses adversaires politiques. C’est ce qu’il s’est passé mi-octobre à Rennes 2, campus universitaire breton réputé progressiste. Ce jour-là, vers 15 heures, deux jeunes hommes attendent un ami. Ils sont tranquillement assis sur des transats destinés aux étudiants. Plus loin, se tient une assemblée générale d’organisations et syndicats autour de la vie chère. C’est alors qu’ils voient venir à eux une bande d’au moins 15 personnes, peut-être même 20 ou 25. La grande majorité de cette foule est capuchée et masquée.

Le courage de ses opinions

L’un des meneurs a environ 35 ans. « C’est toi qui étais au meeting de Bardella, connard ? » beugle-t-il, peu amène, à l’un des deux compères, âgé de 24 ans. Qui répond par l’affirmative. Les coups de la horde se mettent alors à pleuvoir. Un premier poing porté au visage. Ensuite des coups portés en réunion, de pieds, de poings encore, au niveau de la tête, tandis que d’autres se servent de béquilles en métal. Le supposé « bardelliste » se fait frapper au sol, maintenu par les bras et les jambes par certains. Les heurts continuent. Le troisième copain que les jeunes hommes attendaient arrive à son tour. Lynché aussi. Lui est touché à l’épaule et à la cuisse.

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La principale victime, sonnée, crie d’arrêter quand elle voit que du sang coule sur son visage. Lorsque le second voit du sang couler sur le front de son allié qui est sonné, il crie à l’attroupement d’arrêter. Une demande sanctionnée par un coup de béquille sur le front, qui lui occasionnera trois points de suture. Pour l’humilier, une jeune femme lui vole ses chaussures, comme un trophée. C’est seulement l’arrivée d’agents de sécurité du campus qui mettra fin aux hostilités. Sous les huées et les cris, les trois amis sont exfiltrés et doivent s’enfermer à clé dans un local, en attendant les secours. Les pompiers feront un détour, par peur d’être caillassés à leur tour par la foule. Le jeune homme se présentera à l’hôpital ensanglanté, et en chaussettes. Il aura besoin de dix points de suture à divers endroits de la tête, et présente de nombreuses blessures sur le corps. Une semaine plus tard, les médecins constatent encore le besoin de lui attribuer quatre jours d’ITT.

En bande organisée

Le grand gaillard qui avait frappé le premier sera reconnu sur les images de vidéosurveillance. Sa carrure et son visage mal dissimulé permettent de l’identifier formellement. Après un passage d’un peu plus d’un mois en détention, son procès s’est tenu ce 24 novembre. À l’appel de plusieurs collectifs proches des mouvances dites invraisemblablement « antifa », un rassemblement s’est tenu devant la cité judiciaire locale, où se déroulait le jugement. Sur Instagram, sur Twitter et via des tracts, un communiqué qualifie de «militants néonazis » les trois agressés et appelle à se défendre « face aux attaques fascistes ».

© Irvin Decampe pour L’Incorrect

Certains des participants à cette manifestation ont accepté de répondre à nos questions. Comme ce militant NPA de 19 ans, venu en soutien « d’une mobilisation réprimée par des moyens légaux, en période de crise et de montée de l’extrême droite ». Un maître d’hôtel de 47 ans, proche du prévenu, considérait que la plainte déposée par le principal agressé relevait de la provocation. « Il n’a pas aimé se faire jeter de l’université », avance-t-il. Mais assez vite, une ambiance similaire au jour de de l’agression commence à se faire sentir. L’arrivée du jeune homme ayant été roué de coups déclenche les huées et les insultes : « Victime de merde, sale poucave », crient des ados, bien planqués dans la foule. Des «sales fachos » ont aussi fusé. Après l’installation de banderoles, les militants d’extrême gauche ont fait jouer de la musique, « Bande organisée » du rappeur Jul. Un clin d’œil de mauvais goût aux faits reprochés ?

Interroger l’un des leaders sans cacher sa propre identité, c’est se mettre en tout cas potentiellement en danger. La chanson se coupe, un ange passe… « Hé, les gars, ce mec-là il bosse pour L’Incorrect, c’est un journal d’extrême droite, personne ne leur répond », crie ledit leader à la centaine de personne présente. Il poursuit, menaçant, avec son parapluie fermé : « Vas-y, casse-toi, ça vaut mieux ». Là encore, des huées, des insultes. Plus loin devant le bâtiment judiciaire un policier chargé de surveiller l’événement marmonne : « Ils sont courageux quand ils sont en bande ». Une ironie, encore. Si le prévenu a déjà été condamné avant ce procès pour son refus de donner ses empreintes dans des affaires de violences ou de dégradations volontaires, une de ses camarades va nous prendre en photo, dans un but de fichage.

Quand la présidente du tribunal annonce son identité et son adresse, les militants, qui se sont passés le mot, se mettent à tousser fortement en chœur

Seul contre tous

Le cirque continue dans le tribunal, où les allées et venues sont pourtant filtrées à cause du contexte explosif. Des sympathisants antifas se sont infiltrés en masse dans la salle d’audience. Beaucoup ont menti à la sécurité sur la nature de leur présence, rapporte un envoyé de L’Étudiant Libre, lui aussi qualifié de « facho ». Le prévenu fait son entrée, menotté et tout sourire. Ses fans répondent en gloussant. Quand la présidente du tribunal annonce son identité et son adresse, les militants, qui se sont passés le mot, se mettent à tousser fortement en chœur. La magistrate menace de faire évacuer la salle. Dans une ambiance de collège de ZEP, la cinquantaine de perturbateurs tousse de concert une seconde fois, l’obligeant à sévir. La salle presque vidée, une rebelle refuse de quitter son banc et rechigne bruyamment. On lui explique que des policiers lui feront quitter la salle par la force. « Prenez un caramel salé, c’est breton, ça va aller », hurle-t-elle, en lançant des bonbons en l’air. Une façon d’intimider à plusieurs la victime, venue seule, son avocat n’ayant pu se rendre disponible. Tout ce beau monde s’agglutine pendant tout le jugement contre la porte de l’audience. Les quelques amis du sympathisant bardelliste, cinq ou six personnes face à la cinquantaine d’agitateurs, essuieront d’ailleurs des insultes et des bousculades, en plus de quelques coups de coudes.

Une victoire à la Pyrrhus

L’audience commence enfin. On apprend les antécédents du prévenu, déjà condamné deux fois pour violences, et une fois pour des dégradations volontaires entre 2018 et 2020. Après le rappel des faits, une inversion accusatoire s’opère. Celui qui a attaqué, accompagné d’une vingtaine d’individus, trois personnes parle de la « violence génocidaire » représentée par ses opposants d’alors. Il évoque sa « peur » de l’usage d’un couteau par celui qu’il a agressé, une arme blanche qui n’a jamais été retrouvée, et que l’intéressé nie avoir possédée. Le principal auteur des coups se présente même, un comble, comme celui qui maintenait le jeune homme au sol, pour l’obliger « à ce qu’il reste en protection ».

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Le vingtenaire, qui porte encore sur le front des cicatrices de son tabassage, est accusé d’être un néo-nazi et d’avoir participé à des actions violentes. La procureure remettra les pendules à l’heure. Elle parle d’« acharnement », et évoque la mort de Clément Méric. La magistrate dénonce « des violences politiques intolérables dans un État de droit ». Et rappelle les circonstances aggravantes quand on commet ces faits en réunion. La représentante du ministère public réclamait notamment deux ans d’emprisonnement, dont une incarcération immédiate. Le tribunal retiendra finalement douze mois de prison ferme, dont quatre relevaient de sursis liés à des affaires précédentes. 500 euros d’amende devront être réglés et s’ajoutent à 590 euros de dommages et intérêts à verser au requérant, et 100 euros de frais d’avocat. Il n’aura aussi plus le droit de fréquenter le campus de Rennes 2 pendant deux ans.

Éruption de joie de la part des gauchistes à la porte. « Le public a compris assez vite qu’en vertu du principe d’aménagement des peines, il n’y aurait pas de mandat de dépôt, explique maître Varoudakis, conseil du demandeur. La décision est donc un peu fictive, même si proportionnelle à la mesure des violences et aux antécédents du prévenu ». Pour notre part, nous devons quitter les lieux discrètement avec le requérant, sous protection policière face aux risques de violence. D’aucuns verront encore une pointe d’ironie au fait de devoir fuir le camp de la tolérance de cette façon.

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