Le nivellement par le bas concerne-t-il aujourd’hui aussi le corps enseignant ?
Assurément, la baisse du niveau concerne également les enseignants, il suffit de se perdre dans quelques rapports de jury pour le constater ; je l’ai fait pour les lettres, les mêmes plaintes reviennent systématiquement et elles sont affligeantes : absence de maîtrise de l’orthographe, manque de culture littéraire. C’est une conséquence logique de la baisse du niveau général, les élèves formés à la méthode globale et déculturés – dont je fais partie – souhaitent devenir profs. Mais le problème, c’est aussi que ce métier fait fuir une partie des bons élèves de différentes disciplines. C’est le cas en particulier dans les mathématiques et les sciences : à niveau de diplôme égal, les emplois dans le privé offrent un salaire qui est au minimum le double de celui d’un certifié en début de carrière (1 827 € brut, primes incluses, contre 4 000 € en moyenne en sortant d’école d’ingénieur). Qui a envie de prendre le risque de travailler dans une zone de non-droit pour être sous-payé ? La dégradation du métier est autant économique et sociale que symbolique. Ce métier est en voie de prolétarisation et ce n’est pas seulement la conséquence d’une mauvaise paie. L’image sociale du métier d’enseignant se dévalorise au même rythme que se défont les hiérarchies culturelles. Bientôt on dira des enseignants qu’« il en faut » comme lorsque l’on parle des éboueurs. [...]
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