Ces 4 et 5 septembre se tenait à Paris, espace Champerret, le salon Désir d’enfant. Le nom seul ne laisse rien présager de bon. On nous parle d’un « lieu d’échange et de partage », ou l'on pourra rencontrer « les principaux acteurs mondiaux de la fertilité ». Ça continue sur un ton familier : « Médecins, experts en médecine douce, cliniques, associations, etc., vous découvrirez les différentes options de traitements disponibles dans le monde, ainsi qu’une large gamme de solutions naturelles, médicales et personnalisées ». Le tout pour « réaliser votre rêve de fonder une famille ».
On est pourtant bien loin d’un salon d’acupuncture et de sophrologie, et même très éloigné de quoi que ce soit de « naturel ». Non, en fait c’est le marché de la procréation artificielle – bien que les organisateurs se défendent de toute démarche commerciale. Sur les sites des sociétés partenaires du salon, on trouve les prix et modalités d’une PMA, d’une FIV – y compris à trois parents comme sur le site d’IVMED où cette méthode est appelée « Transfert pronucléaire », d’une ROPA et bien sûr d’une GPA.
D’abord on nous explique à quel point la « culture des embryons » est soignée dans ces laboratoires. Il y a même des codes-barres histoire de ne pas implanter l’embryon « appartenant » à quelqu’un d’autre. Ensuite on propose de sélectionner l’embryon qui convient le mieux, c’est-à-dire ne comportant aucune anomalie génétique et dont on peut choisir le sexe, comme sur le site de la société Forsa IVF.
Une fois l’embryon sélectionné – les autres, que deviennent-ils ? – on proposera de « choisir » la candidate idéale pour porter le futur enfant. Toujours sur le site de Forsa IVF, les caractéristiques de sélection des mères porteuses sont exposées (il manque tout de même l’état de la dentition). D’autres entreprises partenaires du salon proposent la GPA : Vittoria Vita, Extraordinary Conception, ou encore IVMED Fertlity Centre. Un sympathique espace de vente d’enfant en pièces détachées allant de pair avec le marché aux esclaves gestantes, avec autorisation préfectorale.
Les sociétés présentes au salon se défendent en arguant qu’aucun contrat de vente n’est signé au salon, mais cela ne change rien à la caractérisation du délit d’entremise en vue d’une GPA
Aude Mirkovic porte-parole de Juristes pour l’enfance
L’association Juristes pour l’enfance avait déjà porté plainte l’an dernier pour la première édition du salon. Aude Mirkovic, son porte-parole, explique comment tel évènement a pu se tenir au vu et au su de tous une seconde fois : « Normalement, c’est le travail des procureurs de poursuivre les infractions, surtout lorsque celles-ci sont caractérisées et que les auteurs s’en vantent. Pourtant rien n’est fait ici alors qu’il n’y a aucune difficulté juridique et qu’il existe un délit d’entremise en vue d’une GPA, ce qui est clairement le cas des entreprises qui tiennent leur stand au salon Désir d’enfant. Ces sociétés proposent de mettre en relation les visiteurs du salon avec des mères porteuses américaines ou ukrainiennes, le délit est donc caractérisé et parfaitement assumé ».
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