Jalons sera d’abord un petit bulletin ronéoté bizarre pratiquant un humour assez droitiste ; normal puisque l’idéologie officielle est déjà, sous Giscard, gauchiste ou gauchisante. Jalons deviendra à partir des années 80 un magazine présentable, mais toujours subtilement contestataire. Bruno/Basile est plutôt, dans l’absolu, pour Dieu et le Roi, et aime à faire son jogging en écoutant sur son baladeur des cassettes de l’abbé de Nantes, chef d’une ligue assez intégriste dans son genre mais restée fidèle au Pape.
Bruno Tellenne gagne d’abord sa vie dans des structures giscardiennes, comme rédacteur ou nègre de Michel Poniatowski, le Pasqua de VGE. Permanent du Parti Républicain, installé dans un bel hôtel particulier de la rue de la Bienfaisance, il consacre dans les faits autant de temps à Jalons – dont il s’est institué « président à vie » – qu’au président de la République. À l’approche de la présidentielle de 81, Jalons décide de soutenir une candidature de Pompidou. C’est absurde, mais à Jalons on prend l’absurdité au sérieux : BdK fait imprimer des bulletins de vote au nom de l’ancien président, et nous serons une vingtaine à les glisser dans l’urne au deuxième tour. On sait la suite, Giscard est battu, Bruno Tellenne licencié, et doit quitter son studio du VIIe pour se réfugier dans une chambre de bonne du XVIIe, avec la consolation de s’être sacrifié à une grande idée.
Vous souhaitez lire la suite ?
Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !